Par Jean-Philippe Chauvin
Autres avantages du mode de transmission héréditaire de la Monarchie : l’indépendance de la magistrature suprême de l’État mais aussi l’autonomie du politique à l’égard des féodalités de l’économique. Le roi ne doit rien à personne, n’étant l’élu de personne et n’ayant pas été obligé de se construire une clientèle et de faire appel à des puissances financières pour accéder au pouvoir. Cela lui donne une grande liberté, une indépendance à l’égard des féodalités politiques (en particulier les partis), qui, certes, n’empêche pas leur jeu parlementaire ou démocratique, mais en limite les effets sur l’État et sa représentation. Si le roi n’a pas à être omniprésent dans la vie politique du pays, il est le gardien des institutions, l’incarnation de l’État et sa représentation diplomatique : son indépendance est une chance pour le pays, même si elle peut parfois être mal comprise et qu’elle ne le garde pas entièrement des pressions de l’Opinion et de ses représentants, ne serait-ce que par la nature même des modes de communication et de discussion politique contemporains. En tout cas, son indépendance statutaire lui permet aussi de porter la parole du politique face à l’économique, en particulier quand ce dernier cherche par tous les moyens à s’affranchir de ses devoirs sociaux : le roi peut jouer un rôle important de médiateur politique entre les principaux acteurs de la scène économique et sociale, et rappeler, à l’instar du comte de Chambord et du pape Jean-Paul II que « l’économique doit être au service des hommes, et non l’inverse ». Mais il est vrai qu’il faudra au souverain de « l’Instauration » faire preuve d’une grande fermeté et volonté, et que la nouvelle Monarchie, dans les premières années de sa mise en place, devra quérir une part de sa légitimité dans la capacité à garantir la justice sociale.