Ce que j’aimais bien – mais oui – chez Emmanuel Macron, au début de son mandat, c’était son vocabulaire suranné de Comtesse de Ségur, son champ lexical de schtroumf à lunettes : chicaya, galimatias et Perlimpinpin je vous fiche mon billet et le truchement ou encore croquignolesque. Cela sentait son bon élève poli et bien peigné rendant des rédactions dorées sur tranche. Bref, une espèce plus rare aujourd’hui que le rhinocéros blanc du Nord, la tortue de Cantor, le marsouin du Pacifique, le gibbon de Hainan.
« Croquignolesque, truchement, galimatias et autres expressions désuètes d’Emmanuel Macron : ça veut dire quoi ? » titrait le site Femme actuelle, le 16 octobre 2017, considérant que ses lectrices avaient sans doute besoin d’un explication de texte. Elles pourraient ensuite, pouvait-on y lire, « crâner dans les dîners ». L’article commençait, flagorneur : « On peut reprocher beaucoup de choses à notre Président, mais pas son usage de la langue française» : « Les politiques emploient tous la langue de bois. Emmanuel Macron, lui, manie en plus la langue de Molière autrement que ses prédécesseurs » et il a « prouvé qu’il reste avant tout un amoureux de la langue française, à laquelle l’a initié la professeure de Français qu’il a épousée, Brigitte Macron, ex-Trogneux ». Pour le célèbre magazine féminin, il « [émaillait] son discours de mots rares qui, assemblés tous ensemble, [constituaient] ce que l’on [appelait] désormais le Style Macron ».
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