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Un conseiller régional d’Occitanie, poursuivi pour outrage après avoir crié « Vive le roi ! »

Emmanuel Crenne, conseiller régional d’Occitanie explique les motifs de sa mise en examen et indique pourquoi il a rejoint les royalistes.

Par Jean-Claude Bonnemère (pour ActuLOT)

Nous reprenons ici l’entretien de JC Bonnemère avec notre ami Emmanuel Crenne que nous suivons depuis l’intrusion royaliste, s’apparentant plutôt au monôme étudiant qu’à un acte de violence, au conseil régional et qui a tant déplu aux élus si sensibles au respect des sanctuaires républicains. (NDLR)

Il aura fait parler de lui, jusqu’au bout de son mandat à la Région Occitanie ! Accroché par Brigitte Rivière, conseillère régionale sortante, tête de liste LR dans le Lot, la semaine passée, dans les colonnes de La Vie Quercynoise et sur Actulot.fr. Emmanuel Crenne qui ne se représente pas à ces élections régionales, dénonce des propos « inexacts et mensongers » à son égard. M. Crenne tient à faire valoir qu’il n’a pas été mis en examen pour des motifs de « violences volontaires au sein du Conseil régional d’Occitanie », comme l’indique l’élue régionale du Lot, mais pour « outrage » envers Mme Carole Delga en dénonçant « sa trahison et sa collaboration avec l’islamo-gauchisme » suite à l’inauguration de la mosquée de Toulouse et aussi pour avoir crié « Vive le roi » dans l’hémicycle du Conseil régional. Retour sur le parcours politique et le mandat mouvementés de l’ex élu lotois RN.

Actu : Vous avez démissionné du Rassemblement National et vous vous affichez royaliste, c’est une reconversion ?

Emmanuel Crenne : J’ai toujours été royaliste, bien que les origines de ma famille soient plutôt de nature populaire. Mes arrières-grands-parents sont des immigrés italiens, qui ont fui le fascisme, j’ai une arrière-grand-mère juive… mais pas de trace de sang royaliste.

Qu’est-ce qui a pu vous amener chez les royalistes ?

E. C. : Il est vrai qu’en étudiant l’histoire de France, j’ai été choqué par les massacres révolutionnaires. Je me suis rendu compte également que la vision républicaine de l’histoire de la Révolution n’était pas tout à fait juste, ce qui peut se comprendre… Je me souviens également que mon professeur d’histoire au lycée, m’avait qualifié de Chouan. J’ai compris pourquoi, bien plus tard.

Quelle est votre vision de la société finalement ?

E. C. : C’est une vision traditionnelle ; je pense que l’on vient de quelque part et que l’on va quelque part. Cela ne veut pas dire que je sois confiné dans le passé. Connaître ses racines ce n’est pas faire preuve d’une fermeture d’esprit, bien au contraire, c’est savoir les utiliser pour aller de l’avant.

Vous avez été responsable du FN puis du RN dans le Lot et élu conseiller régional, avant de quitter ce parti avec pertes et fracas, que s’est-il passé ?

E. C. : Je m’étais engagé dans ce parti politique, parce que j’avais des amitiés dans ce cercle-là, mais aussi par devoir, parce qu’on m’avait demandé de l’aide. Le corpus idéologique du RN a certains recoupements avec ce que je pense, essentiellement concernant l’islamisation de la société et l’immigration. Au demeurant, j’observe que plus de 60 % des Français sont sur cette ligne… Pour le reste j’ai quitté le RN principalement pour des raisons professionnelles, tout en soutenant l’équipe que j’avais mise en place autour de Bruno Lervoire. Je ne cacherai pas non plus que j’ai eu quelques frictions avec le siège, portant sur les loyers des locaux de la permanence.

Qu’est-ce que cela signifie d’être royaliste en 2021 ?

E. C. : J’ai passé 20 ans en Angleterre et j’ai observé le fonctionnement d’une royauté inspirée de la monarchie française ; un régime dans lequel l’exécutif est dynastique et non électif. Ce qui permet à l’exécutif d’être au-dessus des partis et d’être arbitre. Ceci présente l’avantage d’apporter un grand équilibre dans la société et d’éviter les dérives extrêmes. Ceci explique d’ailleurs en grande partie la stabilité institutionnelle, économique et sociétale au Royaume-Uni. Malgré toutes les crises, la royauté constitue l’ancre de la société. Autre élément fort, la Reine est l’incarnation de la nation.

Avouez qu’en France, la royauté apparaît comme un régime d’un autre âge ?

E. C. : Sur le plan historique, la royauté domine l’histoire de France. La construction de la France a été faite par les rois. En France l’État précède la nation alors qu’en Allemagne, par exemple, c’est l’inverse. Cet État va construire une nation à partir des peuples. Observez que Louis XVI s’adressait à ses peuples, ce qui n’a pas empêché la constitution de la nation française. Celle-ci se construit avec Jeanne d’Arc, qui en sauvant le roi, va donner un esprit national, pour la première fois. Ainsi à partir de cette époque-là c’est dans le monarque que s’incarne la nation.

Comptez-vous prendre des engagements au niveau du Lot, à ce sujet ?

E. C. : Ce sera plutôt au plan national. Certes soyons réalistes, pour l’heure la restauration de la monarchie est une utopie. Cela dit en 2016, a été effectué un sondage qui montrait que près d’un tiers des Français étaient favorables à une restauration monarchique. Ceci est assez étonnant et montre que ce sont les racines du peuple français qui parlent, parce qu’au fond, les Français savent que ce sont les rois qui ont construit la France et dans une période de crise telle que nous la vivons aujourd’hui, finalement, cela reste un point d’ancrage pour essayer de sauver le pays. Ce qui compte c’est de se poser la question du système politique qu’il faut pour la France.

Vous estimez donc qu’une royauté serait préférable à la démocratie pour la France ?

E. C. : Aujourd’hui Emmanuel Macron se comporte en chef de parti, comme l’ont fait tous ses prédécesseurs, peut-être à l’exception de De Gaulle, qui a eu l’esprit un peu plus rassembleur. On voit bien la difficulté qu’il y a dans cette Ve République, pour le Chef de l’État, à apparaître comme le président de tous les Français, alors qu’un roi de France n’aurait aucune difficulté à le faire, parce qu’il est par nature au-dessus des partis et que son pouvoir se transmet de père en fils, sans contestation politique. Cette stabilité manque à la France, qui en 200 ans a vu défiler près d’une vingtaine de constitutions… Tout cela est lié à la mort du roi le 21 janvier 1793, un crime dont la France ne s’est jamais remise. D’ailleurs c’est Emmanuel Macron qui l’a dit lui-même avant son élection, lors d’un discours prononcé en juillet 2015, « Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! » et il a parfaitement raison !