Par Henri Temple
Longtemps protégé par ses origines modestes (fils d’ouvrier), la franc maçonnerie, ses hautes fonctions (président de la Région Bretagne, ministre de la défense puis des affaires étrangères), cacique socialiste face à une magistrature de gauche ou docile au pouvoir, Jean Yves Le Drian est cependant suspecté d’abus d’influence, de népotisme, d’affairisme familial. Jeune Afrique (des 24/25 juin, un hebdo sérieux et bien informé) réveille en nous de vieilles affaires et en dévoile de nouvelles.
Les vieilles affaires ? En 2014, Thomas Le Drian, fils du ministre, est nommé, à 29 ans, »chargé de mission » auprès du président du directoire, au sein du Comité exécutif du groupe SNI, premier bailleur social français (275 000 logements). Depuis 2013 il travaillait à la CDC.
Deux journalistes expérimentés de JA s’interrogent : « Jean-Yves Le Drian a-t-il fait jouer ses réseaux au profit de son fils ? » Et un sous-titre ravageur : « Jean-Yves Le Drian – Business, famille, patrie » … En 2015 le ministre va défendre à Abou Dhabi l’offre française de matériel militaire et il est flanqué de son fils, Thomas, 30 ans alors, et bien loin des HLM françaises. Le »fils » dûment interrogé ne répond pas aux questions des journalistes sur ce point. Puis soudain le profil de Thomas Le Drian sur le réseau LinkedIn devient brusquement inaccessible. Malheureusement il existe des photos qui montrent le père présentant le fils à Mohammed Ben Zayed, prince héritier et ministre de la défense d’Abou Dhabi, le plus riche des émirats. Selon les journalistes « plusieurs sources ont confirmé que le fils du ministre s’est peu à peu lancé dans des activités de »conseil » en rapport avec le Golfe et sur le continent africain ». En 2020 le fils, gérant de l’entreprise Kaïros Feeling, fonde la société Build-Up Consulting , une société de »conseil pour toutes prestations de consultants, de conseil, de services, d’apporteurs d’affaires (sic) , d’assistance et d’accompagnement auprès de toute entreprise…ainsi que de tout organisme public …ainsi que négociation de tous types de contrats », dont il est aujourd’hui le directeur général. Selon l’enquête des journalistes le fils fréquenterait B. Squarcini, ancien chef de la Direction centrale du renseignement intérieur, de 2008 à 2012, reconverti dans les affaires, notamment pour LVMH et en Afrique, tout en continuant à mettre en avant son expertise et ses réseaux dans le domaine de la sécurité, ayant créé à cette fin son entreprise privée, Kyrnos. Certes le père Le Drian a été un grand vendeur d’armes française, aidant notre industrie à tripler, au moins, le montant de ses ventes. Mais cette enquête de Jeune Afrique survient au pire moment qui soit. D’abord vis à vis de ce président et ce gouvernement qui ne cessent au mieux de se ridiculiser au pire de se rendre odieux, à 10 mois d’une échéance présentielle cruciale. Ensuite eu égard aux cafouillages de notre géostratégie africaine. Cela va encore alimenter la suspicion de l’Afrique vis à vis de notre pays au moment où des concurrents américains, russes et chinois prennent notre place. Et au moment où l’islamisme, du fait des graves erreurs politique du gouvernement Hollande où le père Le Drian assumait de hautes fonctions, est redevenu aussi fort qu’avant notre intervention au Mali.