Par Olivier Perceval
L’heure des pros sans Pascal Praud, c’est comme un vin mousseux comparé au Champagne. On se la joue libre et indépendant, mais on prend soin de rester dans les clous de la convenance officielle et surtout on ne cherche pas à trier le vrai du faux. Je ne suis pas un défenseur hystérique du docteur Raoult, mais il est clair que dans l’émission de jeudi 4 août matin, l’animateur Julien Pasquet ne fait pas sérieusement son métier de journaliste en relayant l’information diffusée massivement par les médias « main Stream » sur la dernière déclaration de Didier Raoult sur le « Vicks Vaporub ».
Le propos controversé est extrait de la dernière vidéo du professeur marseillais et en l’écoutant attentivement on constate qu’il ne parle pas du Vaporub mais du Vicks, que les gens de ma génération ont largement utilisé sous forme de stick inhalateur que l’on respirait par le nez et que l’on connaissait sous ce nom. Et voilà que le laboratoire fait une mise au point en prenant l’éminent scientifique pour une buse, alors que l’épicerie pharmaceutique connait très bien ses propres produits et ne peut confondre la pommade Vaporub avec l’inhalateur. Que tous les médias se ruent et s’associent à cette nouvelle scène de lynchage ne me surprend pas, mais que CNews, fière de sa liberté et de son professionnalisme journalistique, se joigne à la cohorte est très décevant. Ce n’est assurément pas pour cela que nous sommes si nombreux à avoir choisi cette chaine. Les invités de Monsieur Pasquet, Lydia Guirous (qui nous a habitué à plus de prudence), Stéphane Manigold, Alexandre Saada du MODEM et Michel Taube se ruent sur l’occasion de juger et condamner le professeur (mais qui sont-ils ?)
Aucun des commentateurs ne s’interroge sur le fond de la phrase de Raoult qui se demande pourquoi si peu de laboratoires font des recherches sur l’efficacité de molécules existantes et cite pour exemple la Cyclosporine, l’Ivermectine, la vaseline (pour protéger les muqueuses) et… le Vicks. Il est évident à tout esprit honnête qu’il aurait pu en citer d’autres car son propos n’était pas de proposer tel ou tel traitement. En revanche, il évoque bien la corruption qui règne dans les milieux liés aux laboratoires de recherche. Là-dessus silence radio ou plutôt silence TV !
Pour enfoncer le clou, le même Julien Pasquet se permet de préciser par quelques exemples que Raoult a l’habitude de se tromper, ignorant délibérément toutes les fois où il a eu raison. Le sommet est atteint, quand il liste les traitements possibles avec l’affirmation gratuite qu’aucun ne marche, là encore sans aucune source ni possibilité de contradiction.
Passons sur l’Hydroxychloroquine dont le procès à charge et la condamnation ont été consommés sans la moindre étude scientifique sérieuse, mais aujourd’hui le pseudo journaliste s’en prend aussi à l’Ivermectine alors que l’Institut Pasteur semble montrer que ce traitement est porteur d’espoir comme l’atteste la revue : EMBO Molecular Medicine :
« Depuis le début de la pandémie de Covid-19, différentes approches thérapeutiques ont été explorées pour lutter contre la maladie. Des chercheuses et chercheurs de l’Institut Pasteur ont montré que l’Ivermectine, une molécule commercialisée comme traitement antiparasitaire, protège des symptômes de la Covid-19 dans un modèle animal. Les scientifiques ont observé que la prise d’Ivermectine est associée à une limitation de l’inflammation des voies respiratoires et des symptômes qui en découlent. Ce traitement est également associé à une protection contre la perte d’odorat. Toutefois, les résultats ne montrent pas d’effet de la molécule sur la réplication virale du SARS-CoV-2. Les résultats de l’étude suggèrent que l’ivermectine pourrait être considérée comme un agent thérapeutique contre la Covid-19. Ces résultats ont été publiés dans la revue EMBO Molecular Medicine, le 12 juillet 2021. »
Nous sommes déjà assiégés par la pensée unique et obligatoire et nous étions comme beaucoup de Français heureux du bol d’oxygène que nous apportait CNews dans cet univers vicié. Le manque de professionnalisme et l’incapacité d’objectiver l’information restent les stigmates les plus profonds du journalisme du 21ème siècle.