Par Yves Floucat
J’ai déjà eu l’occasion de signaler ici l’importance majeure de deux ouvrages récemment parus. Celui de Patrick Buisson, « La fin d’un monde. Une histoire de la révolution petite-bourgeoise » (Albin Michel), est un véritable monument (dont il n’est pourtant qu’un premier volume). Malgré quelques réserves que l’on doit faire, à mon avis, sur son analyse du dernier Concile qu’il confond par trop avec le Concile parallèle (mais hélas ! selon Jacques Maritain comme selon le P. de Lubac, c’est jusqu’à l’apostasie que ce concile des media nous a conduits), Patrick Buisson est d’une grande lucidité sur l’évolution du monde contemporain et on aurait tort de se priver de sa profonde analyse sur les ravages du sécularisme et « la trahison des clercs ».
Le livre d’Henri Quantin, « »L’Église des pédophiles. Raisons et déraisons d’un procès sans fin » (Cerf) est le meilleur ouvrage que j’ai lu sur la douloureuse et complexe question de la pédocriminalité, parce qu’il reprend tout par le haut. Il montre comment les violences sexuelles commises par le personnel de l’Église qu’il dénonce avec force au nom d’une justice que ne saurait effacer la miséricorde, ont donné lieu à un véritable procès contre l’Église victime de déductions hâtives alors que, si l’Épouse du Christ est sans péché, elle n’est pas sans pécheur. Bernanos et Maritain sont convoqués pour souligner où se situe le cœur du christianisme : la personne de l’Église immaculée livrée par Dieu à un personnel indigne, parce que le Verbe incarné, prenant le risque de faire entrer l’éternité dans le temps, s’est offert sur la Croix aux hommes pécheurs.
Je voudrais vous recommander aujourd’hui de lire de toute urgence le livre de Michel Maffesoli « L’Ère des soulèvements. Émeutes et confinements. Les derniers soubresauts de la modernité » (Cerf). L’auteur dénonce d’une manière implacable et juste ce qu’il appelle le « totalitarisme doux » qui en train de s’installer dans nos sociétés dites démocratiques et qui soulève la révolte légitime (révolte qui, à ses yeux, ne fait que commencer) de tous ceux qui n’entendent pas se plier à l’instrumentalisation d’une crise sanitaire pour que triomphe la peur et la « servitude volontaire » (La Boétie) qui en est la tragique conséquence.
Voici la présentation de ce livre qui constitue la quatrième de couverture :
« Trente ans après son mythique Temps des tribus, le grand sociologue de l’imaginaire lance une nouvelle annonce prophétique. Reprenant un à un les récents séismes qui ont ébranlé nos représentations, il montre comment l’avènement d’un totalitarisme doux marque, par réaction, l’Ère des révoltes. Un essai indispensable pour comprendre ce que sera notre monde demain.
Dès les années 1980, Michel Maffesoli se fait l’observateur averti et implacable des temps postmodernes. Il annonce un effondrement social porteur d’un paradoxal retour des tribus, ce que prouveront les décennies suivantes. Il pronostique également que, profitant de la fin des idéologies, les élites au pouvoir entendent instaurer un ordre nouveau qu’il qualifie de totalitarisme doux. Ce que démontre l’actualité récente.
De l’éruption des gilets jaunes devenus un phénomène international à la contestation globale de la gestion de la pandémie, des grèves émeutières pour contrecarrer le libéralisme mondialisé à la vague d’émotion planétaire suscitée par l’incendie de Notre-Dame, le sociologue du quotidien et de l’imaginaire traque, de son œil inégalé, le changement de paradigme que nous vivons.
Le règne de la rationalité, de la technicité et de l’individualité agonise convulsivement sous nos yeux. Pour le meilleur et pour le pire, l’ère des révoltes a commencé et ne cessera pas avant longtemps.
Cet essai flamboyant dit pourquoi et comment le peuple a raison de se rebeller.