You are currently viewing De quoi parle-t-on ?

De quoi parle-t-on ?

Par Rainer Leonhardt

Cancel culture, intersectionalité, la pensée woke…

On sait à quel point les nouveaux concepts d’ostracisme ou de victimisation sont destructeurs du lien social et de l’unité nationale, pourtant ils sont souvent mal compris et certains  n’auraient pas la même portée selon la perception et les intentions de qui s’en empare. Notre nouveau collaborateur Rainer Leonhart, vient ici nous apporter un éclairage objectif. (NDLR)

Cancel culture, il s’agit du phénomène ou la pratique de publiquement et massivement rejeter, boycotter ou désapprouver une personne en raison de ses actes ou paroles réelles ou supposées, qui seraient socialement ou moralement jugées ou perçues comme offensantes ou inacceptables. La peine appliquée est une sorte de mort sociale semblable à l’ostracisme antique. La culpabilité par association. Si vous parlez à une personne coupable, que vous ne lui faites pas subir un ostracisme social alors vous êtes coupable du même crime. La culpabilité est rétroactive sur des critères changeants. Vous pouvez être accusé pour des anciennes positions que vous avez tenues et ce même si à l’époque vos positions étaient jugées comme normales dans le champ idéologique de la gauche. Enfin, un coupable n’a pas de vraie possibilité de pardon. Son repentir ne fera que prouver sa culpabilité. L’intersectionnalité. Ce concept de gauche analyse sur le modèle de l’oppression liée à la classe sociale, la domination masculine ou les oppressions liées à des questions ethniques, raciales ou religieuses. L’idée est que ces différentes oppressions se cumulent et s’alimentent. Pour prendre une formule célèbre de ce courant « toutes les femmes sont blanches, tous les noirs sont des hommes mais certaines d’entre nous sont braves ». Ce concept est utile pour permettre de penser certains phénomènes sociaux de manière plus fine (par exemple la persécution des femmes chrétiennes au Pakistan mêle le fait qu’elles soient chrétiennes, leur condition féminine et une oppression systémique des chrétiens. Mais il pèche sur deux points : tout d’abord il considère que du fait de leur oppression, les groupes opprimés ont des intérêts convergents ce qui est discutable. Enfin, il s’appuie souvent sur une conception idéologique et non objective de la situation d’opprimé et d’oppresseur. Les auteurs centraux de la pensée woke. La pensée woke se présente comme une hypersensibilité aux droits des minorités. Il s’agit essentiellement d’un mouvement ayant une influence métapolitique par le biais de productions culturelles. Les grands auteurs de ce courant sont donc plus ceux théorisant les différentes oppressions que les wokes veulent dénoncer (pour la pensée féministe on peut citer Judith Butler et Christine Delphy, pour la pensée sur le racisme W ;E Du Bois ou Frantz Fanon ainsi que Colette Guilamain) et les auteurs ayant produit des concepts théoriques sur l’intersectionnalité (Kimberlay Crenshaw). Cependant, la pensée se diffuse surtout via des vulgarisateurs qui n’ont pas forcément une connaissance si fine des premiers penseurs pré évoqués mais les diffusent à leur base (Rokhaya Diallo par exemple). Comprendre la pensée woke revient donc à comprendre les auteurs des différentes questions qu’elle évoque et la manière dont se joue une influence métapolitique.