Par Olivier Perceval
Nombreux sont les Français qui ont pu apprécier le sémillant acteur durant des décennies, son panache, sa verve, son style inimitable, son côté très français. Il représente le beau mâle blanc, un peu macho, mais avec élégance, surtout quand il est servi par de bons dialoguistes.
Alors oui, adieu Bebel a dit le président de la République dans la cour des invalides, devant la garde républicaine et une foule sincèrement émue.
Mais je me demande si je ne suis pas un peu paranoïaque et si cette belle et grave manifestation n’arrive pas à point nommé, pour d’une part nous distraire de nos avanies sanitaires et sécuritaires dans une période pré-électorale plutôt tendue et d’autre part recoller avec la masse de nos compatriotes qui ne se reconnaissent plus dans une France gagnée par la « cancel culture » et les délires LGBT…
Quelle aubaine, la disparition d’un grand comédien si populaire (et boudé par Télérama, c’est dire…).
Je n’irai pas jusque à m’imaginer qu’on ait aidé l’acteur à décéder plus tôt, mais il faut avouer que ça tombe plutôt bien.
Belmondo n’incarne-t-il pas une France sûre d’elle, forte de son histoire et de sa civilisation ?
Macron lui-même n’a-il pas célébré une personnalité très française, (il n’a pas dit européenne,) qui inspire nos compatriotes ?
On est loin de l’image des junkies en bas résille à l’Élysée, autre image vendue par le président dans probablement le cadre du « en même temps ».
Pour ma part, je fais partie de ces Français qui portent à Belmondo une grande affection, c’est notre Bebel national évidemment.
Pourtant je m’interroge sur l’utilisation à temps et à contre temps du cérémonial des Invalides réservé naguère aux héros de la Nation, même si l’acteur a incarné des rôles de militaire, de légionnaire, de résistant et autre démineur, et aujourd’hui ouvert au monde du show-biz, ce qui conforte l’idée prophétique de Guy Debord de l’avènement d’une société du spectacle, laquelle sans nul doute est la résultante d’une démocratie en pleine dégénérescence.
L’hommage National aux Invalides constitue l’un des éléments de la panoplie républicaine permettant de donner l’illusion d’une continuité régalienne à la présidence de la République. C’est ainsi que le régime survit bon an mal an depuis deux siècles, mais le grand écart pourrait devenir un beau jour casse-gueule.
Adieu Bebel, on va revoir tous tes films avec nostalgie, mais je ne suis pas sûr que l’acteur qui savait si bien exprimer le bon sens français, ait vraiment apprécié de là où il nous regarde, cet hommage aux Invalides un peu décalé.