L’épisode est révélateur de la cécité volontaire d’une certaine gauche à l’égard de la fraude sociale, ces arnaques en série aux prestations sociales que le magistrat Charles Prats chiffre, dans son dernier livre, Le Cartel des fraudes 2, à 100 milliards d’euros par an. Ce 2 novembre, dès potron minet, Cécile Duflot attaque le sujet d’une voix flûtée dans sa chronique hebdomadaire sur France Inter. « Est-ce que vous voyez la différence entre un hippopotame et un dindon ? », demande l’ancienne secrétaire nationale des Verts, ancien ministre du Logement, aujourd’hui directrice générale d’Oxfam France. « L’un est beaucoup plus gros que l’autre », répond l’homme de la matinale, Nicolas Demorand. « Oui, quatre-vingt-cinq fois plus gros, précise Cécile Duflot. « Comme la différence entre la fraude fiscale, l’hippo, et la fraude aux prestations sociales, le dindon. » On y est. Eh oui, pourquoi diable s’en prendre à « ces méchants parents » qui volent à leurs enfants les allocations de rentrée scolaire « pour s’acheter des écrans plats », ironise Duflot ? Elle y voit une forme de complot destiné à « faire oublier les montants galactiques de la fraude fiscale, on accable les plus pauvres ». Alors que « le pognon de dingue », « il est dans les paradis fiscaux », dénonce-t-elle, citant l’Irlande et les Pays-Bas. Cachez donc ces modestes détournements de pauvres qui cherchent à survivre. Cécile Duflot n’a sans doute pas lu Le Cartel des fraudes. On est loin de l’écran plat acheté sur les allocations de rentrée.
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