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DE ROBESPIERRE AUX WOKES : UNE HISTOIRE MONSTRUEUSE DE L’UTOPIE

Ils ne sont pas neufs, contrairement à ce qu’ils imaginent : les wokes de notre temps renouvellent seulement le cauchemar totalitaire né de la Révolution française, gommer le passé, donc l’histoire, donc l’homme.

Ce qui caractérise l’utopie, ce n’est pas seulement la finalité qu’elle se propose – établir sur terre ce que ses partisans considèrent comme le paradis – ce sont aussi les moyens qu’elle se propose d’utiliser pour y parvenir : éradiquer les obstacles, aplanir le terrain, éliminer les ennemis, et pour cela, liquider jusqu’au souvenir du passé où ces derniers occupaient une position dominante. L’utopie, quand ça l’arrange, n’hésite pas à pousser jusqu’au génocide : en revanche, elle ne peut jamais s’épargner le mémoricide. Dans la plénitude sans faille qu’elle prétend mettre en place, le passé, étant intrinsèquement mauvais, ne saurait subsister, même à l’état de traces, de résidu, même comme témoignage éducatif des horreurs anciennes ou comme encouragement à continuer le combat. La table rase est de rigueur : l’avenir radieux sera absolument pur, ou il ne sera pas. À cet égard, le « manichéisme total », qui selon Chantal Delsol caractérise les wokes (La Fin de la chrétienté, Éd. du Cerf), ne se distingue pas de celui des Jacobins de 1793 ou des gardes rouges de la Révolution culturelle chinoise. C’est pourquoi on peut, en observant les pratiques de ces ancêtres – car il s’agit bien de cela, d’ancêtres, et non de simples prédécesseurs – tenter d’éclairer les logiques du woke : ce qu’il fait, et ce qu’il ferait, si nul ne lui barre la route.

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