« Avec le départ d’Angela Merkel, le centre de gravité du couple franco-allemand s’est déplacé. Il siège désormais à l’Élysée. » J’ai frémi d’aise ; d’autant qu’on m’avait assuré en 2017 et en 2019, sur un mode interrogatif qui n’était qu’une gracieuseté rhétorique, que Macron était « le nouvel homme fort de l’Europe », ce qui a été en effet très sensible. Mais ce centre grave et fort est modeste. « Il n’y a pas de leadership, nuance-t-on dans l’entourage du chef de l’État. Ce dont l’Europe a besoin c’est de stabilité. Ce qui fait la force du couple franco-allemand, c’est sa force d’entraînement. » On a vu à quel point ça a bien marché ces dernières années et à quel point, sur toutes les questions militaires, industrielles, énergétiques et diplomatiques, l’Allemagne a collé sa roue à celle de la France. Cela fait quatre ans que Macron appelle de ses vœux une Europe de la défense, cela fait quatre ans qu’il échoue, spectaculairement, les Allemands n’ayant jamais soutenu les propositions françaises, quand elles ne les sabotaient pas. Mais le couple franco-allemand entraîne, l’Élysée le dit, les journalistes le répètent. C’est bien simple, Macron se sent si fort qu’il passe tout à Angela : « La chancelière hésite encore à réserver son dernier déplacement officiel à la France. Elle veut aussi aller voir le pape. Mais Emmanuel Macron ne lui en tiendra pas rigueur si elle décide de terminer par le Vatican plutôt que par l’Élysée. » On n’est pas plus aimable ; élégance de puissant. Macron a d’ailleurs prévu de prononcer un deuxième « discours de la Sorbonne », puisqu’on sait tous les heureux effets que le premier a eus sur la politique allemande et européenne. Nul doute que le futur chancelier lui accordera la même attention. C’est ainsi, la force inspire le respect.
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