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L’Action Française et l’Islam (II/XI)

Quatre générations actives, porteuses de solutions originales

 Par PHILIPPE LALLEMENT

Nous avions annoncé que cette série d’articles sur « l’Action Française et l’Islam » paraitrait chaque mercredi. Exceptionnellement, celui-ci parait accidentellement vendredi mais à partir de mercredi prochain, vous pourrez suivre cet important dossier réalisé par Philippe Lallement chaque mercredi. (NDLR)

Quatre générations actives, porteuses de solutions originales Pour tenter d’y voir plus clair, il faut remonter un peu en arrière. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale en 1918 – alors qu’avec la disparition de l’Empire ottoman, l’effervescence du monde arabe amorçait le grand réveil de l’Islam – le sort de la population musulmane d’Algérie est devenu, et n’a plus cessé d’être, pour la France, un enjeu politique majeur. Mais la République s’est montrée incapable d’une politique[1] suivie. Au gré des majorités et des opportunités successives, les deux modèles antagonistes de l’inclusion et de l’assimilation ont alterné selon un rythme quasi trentenaire : en 1936, encore dans le cadre colonial, sort le projet Blum-Viollette ; en 1959, c’est la décolonisation, De Gaulle impose sa politique d’abandon  ; en 1989, l’immigration débordante et hors-contrôle provoque l’avis du Conseil d’État sur le port du voile ; en 2021, entre l’inquiétude croissante de la population et l’inaptitude patente du régime à affronter le problème, l’islamisme prend partout ses marques.

À chaque étape historique, les débats furent vifs, souvent passionnés, parfois dramatiques. Mais, au fil du temps, un phénomène est apparu, qui a été peu remarqué – il fait la matière même de cet article : selon des modes divers, liés aux circonstances, quatre générations maurrassiennes successives, constamment actives, ont été en mesure de proposer des solutions originales, et surtout remarquables dans leur continuité d’intention.

Récusant les positions extrêmes dictées par les passions idéologiques, elles recherchaient un modèle intermédiaire d’« intégration », voire de conciliation, fidèle à l’esprit capétien de mesure, avec des modalités pratiques s’adaptant à l’héritage historique comme au contexte du moment  : dans les années 1930, leur approche fut d’inspiration « corporatiste » ; dans les années 1950-60, avec la guerre d’Algérie, elles appuyèrent la voie fédéraliste (que prônait aussi un Albert Camus) ; dans les années 1990 et le second septennat Mitterrand, elles privilégièrent le traitement communautaire de l’immigration ; enfin, avec nos années 2020, et la présence installée d’une population musulmane en nombre important – bien qu’incertain, faute de statistiques officielles crédibles – et tandis que roule la vague de déconstruction islamogauchiste, l’actuelle génération maurrassienne propose une forme d’assimilation combinée à une politique d’encouragement à la re-migration.

C’est ce cycle historique en quatre époques – 1930, la dernière époque coloniale ; 1960, la décolonisation  ; 1990, l’immigration hors-contrôle  ; et  2020, l’alliance islamisme/gauchisme – qu’il nous faut maintenant reprendre. Il nous permettra de décrire ce qu’a été la continuité du maurrassisme appliqué aux relations avec une population musulmane avec qui la France – bon gré, mal gré, pour le meilleur ou pour le pire – s’est trouvée et se trouve encore étroitement associée

Philippe Lallement,

à suivre la semaine prochaine dans : 

Quatre générations actives, porteuses de solutions originales

Pour voir les articles précédents :

1/11 – La laïcité comme nœud gordien


[1] Voir « Intégration. Entre la communauté et la République », conférence du Club Jean Bodin (fondé par Nicolas Portier), juin 1995.