Par Ludovic Lavaucelle *
L’affaire qui a empoisonné les trois premières années du mandat de Donald Trump pourrait se retourner contre ceux qui l’ont promue. Dès le mois de septembre 2016, l’équipe de campagne de Trump était accusée par son adversaire démocrate de collusion avec le Kremlin. Pire, on prétendait que les services secrets russes détenaient une « sextape » datant d’un séjour de Donald Trump à Moscou en 2013 impliquant des prostituées. L’accusation était grave : la Russie avait les moyens de faire chanter le Président élu en novembre 2017 et remettait en question sa légitimité, avant même son investiture fin janvier 2017. Des fuites dans les médias révélaient que le FBI investiguait et, dès juin 2017, le procureur spécial Robert Mueller lançait une enquête contre Trump pour entrave à la justice. Son rapport final fut rendu en mars 2019 et concluait à l’absence de preuve de collusion entre l’équipe de campagne républicaine et la Russie. Mais le mal était fait…
Le procureur spécial indépendant John Durham, chargé d’enquêter sur la genèse de l’affaire, vient d’ordonner la mise en examen d’Igor Danchenko. Cet analyste russe, résidant aux États-Unis et travaillant pour le Brookings Institution (un centre de recherches proche du Parti Démocrate), était le principal informateur qui aida à forger le « dossier Steele ». Pourquoi « Steele » ? C’est le nom d’un ex-espion du MI6 britannique qui, reconverti dans le renseignement privé, a construit le dossier – en lien avec un avocat travaillant pour l’équipe de campagne démocrate. Ce dernier, Michael Sussmann, a été mis en examen par le procureur Durham peu avant Danchenko.