Jean-Christophe Buisson, directeur adjoint du Figaro Magazine, est un des rares journalistes français à s’être intéressé de très près à la guerre au Haut-Karabagh de 2020, conflit qui a opposé la République autoproclamée du Haut-Karabagh – aussi appelé Artsakh -, soutenue par l’Arménie, et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie. Au micro de Boulevard Voltaire, il lance un cri d’alarme sur ce qu’il se passe dans cette région.
Vous êtes directeur adjoint à la rédaction du Figaro Magazine. Vous avez été un des rares journalistes à couvrir de manière passionnée, presque obstinée, cette guerre atroce qui s’est déroulée entre l’Arménie et la République de l’Artsakh et l’Azerbaïdjan. Pourquoi vous êtes-vous intéressé particulièrement à ce conflit ?
Disons que j’ai un tropisme vers l’est de l’Europe et au-delà, vers le monde slave et au-delà, vers le Caucase du Nord où je me suis rendu à plusieurs reprises. Ces dernières années, je me suis rendu en Arménie, pas pour des reportages politiques, mais des reportages de découverte. Je m’y suis, d’ailleurs, fait quelques amis. J’ai éprouvé un peu la même sensation que j’ai éprouvée dans la Serbie que j’ai beaucoup couverte, ces dernières années. J’éprouve un attachement soudain assez irrationnel, spirituel, physique, tellurique et humain. Je suis la situation géopolitique de cette région et je suis particulièrement les avancées de la Turquie et de M. Erdoğan parce qu’en m’intéressant à la Serbie et aux Balkans, je me suis évidemment intéressé au monde ottoman et, par conséquent, à la Turquie. La Turquie est l’héritière naturelle, qu’elle soit kémaliste ou d’Erdoğan, de l’Empire ottoman et des souffrances qu’ont subies de nombreux peuples de l’occupation ottomane jusqu’au début du XXe siècle, y compris l’Arménie.
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