Par Gérard Leclerc
Le sondage que Le Figaro a publié sur le climat politique qui règne en France à l’heure de la présidentielle, est sans doute plein d’enseignements, même si l’on peine souvent à identifier les appétences des citoyens à certains égards contradictoires. L’inquiétude semble souvent dominer sur des sujets aussi sensibles que l’immigration. Mais on peut retenir aussi que 75 % des personnes interrogées estiment que notre pays a perdu « sa boussole morale ». Derrière la gravité d’une telle affirmation on s’interroge sur son contenu véritable, et lorsqu’on fait appel aux valeurs incertaines de la société, on est renvoyé au flou que revêt ce terme de « valeur ».
Divers indices indiquent qu’on est sensible à la nécessité de l’autorité. Une partie non négligeable de l’électorat ne craint pas de faire appel à l’armée pour diriger le pays. Autre indice : 47 % des personnes interrogées se déclarent favorable au rétablissement de la peine de mort. C’est donc que le débat sur le sujet est loin d’être dépassé. Pourtant Robert Badinter, garde des Sceaux de François Mitterrand, n’avait-il pas remporté une éclatante victoire morale, en mettant fin au régime de la peine capitale ? Il est vrai qu’à l’époque, il s’était frontalement opposé à une opinion plus que rétive. Mais on aurait pu penser que quelques quarante ans plus tard, l’opinion avait été progressivement conquise à ce que beaucoup considèrent comme une véritable avancée civilisationnelle.
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