Il est loin, le temps où les évêques étaient à deux doigts de réhabiliter les processions des rogations, non pas pour faire tomber la pluie mais pour « faire barrage » à l’extrême droite. Souvenons-nous, il y a bientôt vingt ans : au lendemain du terrible et quasi apocalyptique 21 avril, l’évêque de Saint-Denis, Mgr de Berranger, clamait son « non possumus », réhabilitant par la même occasion le latin. Pour lui, « un catholique clairvoyant » ne pouvait pas soutenir Le Pen, « héritier d’une tradition antichrétienne ». De son côté, le président de la Conférence des évêques de France de l’époque, Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux, usait de la langue de buis en appelant les chrétiens à « discerner les valeurs fondamentales de la démocratie ». Si vous voyez ce que je veux dire…
En 2017, bis repetita : l’extrême droite accédait au second tour. Là, on avait changé de cantique. Moins militant, dirons-nous. Au point qu’Isabelle de Gaulmyn, de La Croix, regrettait « le relatif silence des responsables » [de l’Église catholique] face à la présence de Marine Le Pen au second tour. Elle constatait à regret qu’il n’y avait plus « cette volonté de barrage explicite au vote extrême comme cela avait été le cas en 2002 ». Comme quoi, la nostalgie n’est pas qu’une maladie d’extrême droite !
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