Les parrainages (juridiquement dénommés « présentation des candidats à l’élection présidentielle ») sont, à la fois, le psychodrame et le marronnier de la Ve République. À chaque échéance électorale se profile un insupportable spectre antidémocratique, que le constitutionnaliste Frédéric Rouvillois qualifie d’« oligarchie de fait » (FigaroVox, 22 janvier 2022).
La loi du 6 novembre 1962 relative à l’élection du président de la République au suffrage universel prévoyait initialement un parrainage de « 100 signataires » figurant parmi « des élus d’au moins 10 départements ou territoires d’outre-mer différents ». Ce souhait du général de Gaulle visait à conjurer l’avènement à la fonction suprême de « l’énergumène qui jettera le trouble », tout en préservant l’élection présidentielle de toute entreprise de captation par les partis politiques. Puis, dans l’objectif d’éviter des candidatures « fantaisistes » ou liées à « la défense d’intérêts locaux », la loi organique du 18 juin 1976 portera le nombre de parrainages à 500 (alors rendus partiellement publics à raison de 500 noms tirés au sort, par candidat), tout en augmentant significativement le seuil de provenance territoriale des élus (30 département au lieu de 10), jusqu’à ce qu’en 2016, la publication intégrale et bihebdomadaire des parrainages par le Conseil constitutionnel soit rendue obligatoire.
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