Par Olivier Perceval
Dire qu’on soit étonné serait exagéré, dire qu’on soit déçu, nonobstant le fait que nous ne soyons pas étonnés, serait partiellement vrai, déception relativisée par un flottement amère et installé durablement de fatalisme.
Bien sûr, on nous dira que le président est le plus mal réélu de la cinquième République (hormis Pompidou) compte tenu du taux d’abstention. Évidemment on peut noter une nouvelle progression du camp national qui passe pour la première fois la barre des 40 % au deuxième tour. Ce lent, trop lent grignotage nous fait cependant perdre encore cinq ans, et pendant ce temps la France se dégrade… Elle perd inexorablement son tissu industriel pour être conforme aux directives européennes qui ont érigé les règles du marché en dogme de l’UE. On nous dit alliés de l’Allemagne alors que les relations entre nos deux pays n’ont jamais été au plus bas, sur le plan commercial comme sur celui de l’alliance technologique, au point que d’ores et déjà on s’apprête à dire Adieu au « SCAF » (Système de Combat Aérien du Futur) qui risque de se faire (s’il se fait) sans les Français. Nous ne vendons pas (ou peu) les fleurons de notre technologie aux membres de l’Union Européenne qui préfèrent s’équiper outre Atlantique. Cependant, cette même solidarité européenne, qui ne profite pas à la France, nous entraine vers un bellicisme hallucinant, venant d’une Union de pays totalement désarmés, contre la Russie.
Bref, comme chacun le devine, la politique européenne du président vise surtout à noyer et subordonner les responsabilités politiques de l’État par les dispositions supranationales d’un ensemble de Nations elles-mêmes dirigées par une commission de fonctionnaires non élus, comme le montre le dernier exemple de l’agitation diplomatique pour l’adhésion de l’Ukraine menée par madame Van der Layen.
On nous dit que, par ailleurs, le pouvoir d‘achat étant la première préoccupation des Français, cela aura pesé lourd dans le scrutin. Mais l’amélioration du pouvoir d’achat passe par une bonne santé économique, ce qui est loin d’être le cas nous prévient avant le second tour, Richard de Seze, rédacteur en chef de Politique magazine : « En gros, l’excellent gestionnaire qu’est Macron a ruiné la France. L’endettement des entreprises a explosé, le commerce extérieur est déficitaire, la France est surendettée et l’industrie est ravagée. Il y a moins de chômage ? Comme partout ailleurs en Europe. Ce qui veut dire que la France ne fait pas mieux, elle fait exactement comme tout le monde. Mais Macron va se vanter de son bilan et Eric Woerth va expliquer que sans lui ce serait le chaos. » En commentant les graphiques présentés par le Figaro : ( Lire les graphiques)
Le pouvoir d’achat dépendant essentiellement de la stagnation des salaires et de la hausse des prix de consommation courante parmi lesquels, le logement et les hydrocarbures, il faudra autre chose que des chèques pour inverser une tendance lourde qui va en s’accélérant.
Par ailleurs, notre président réélu a bien affiché son goût pour le partenariat privé, les cabinets conseils, les holdings étrangères : pour faciliter une « fluidité », il vaut mieux se séparer des corps d’État inutiles comme celui des préfets ou de la diplomatie. Il sera plus aisé de placer les copains issus des boites de communication ou des écoles de commerce pour contrôler l’administration. Ainsi Pfizer, Mac Kinsey, Général Electric et tant d’autres auront des gens dans les rouages de l’Etat. Ils sauront renvoyer l’ascenseur le moment voulu. Dans cette même logique, il faut libérer l’accession à la haute administration en supprimant l’ENA.
Macron désorganise l’État, comme un nouveau PDG reprenant une vieille entreprise familiale envisagerait de la transformer quitte à la dissoudre dans une succession defusions acquisitions. C’est ça le prix à payer pour la « Start up nation ». Alors que l’on n’aille pas l’ennuyer avec les questions de sécurité, de développement d’un islamisme de plus en plus rigide, d’une augmentation régulière de l’immigration illégale, avec un maintien de l’immigration légale : elle représente à elle seule une population équivalente à la ville de Rennes chaque année. Et il s’offusque le bougre, quand on lui dit que cette immigration massive a des chances de favoriser sur notre sol une poussée de l’insécurité, de Islam et même du terrorisme islamiste. Donc, si un prêtre, un policier, un prof, un père ou une mère de famille ou un jeune lycéen, se fait agresser aux cris de « Allahou Akbar » , cela n’a évidemment rien à voir avec l’immigration, ni même avec l’installation de l’Islam dans notre pays. Qui peut encore croire à cette légende ?
Mais une majorité d’électeurs au deuxième tour, pour faire barrage à « l’extrême droite » a élu par défaut ce fossoyeur de la Nation. Je ne qualifierai pas cet électorat et je ne chercherai pas en établir la sociologie ni à en étudier les motivations profondes, mais quand on voit que 60% des Français, tremblant de peur devant la COVID, souhaitaient l’an dernier durcir les mesures déjà contraignantes contre la population non vaccinée, dire qu’on soit étonné du résultat de ce deuxième tour, serait exagéré.