Par CHRISTIAN FRANCHET D’ESPÈREY
Chroniqueur économique de Politique magazine et de la NRU sous la signature de François Reloujac, François Schwerer a exercé́ d’importantes responsabilités dans un grand groupe public. Ses nombreux articles et conférences ont révélé la grande diversité de ses curiosités et de ses compétences, de l’économie à la géopolitique, en passant par l’histoire de la Marine nationale, la doctrine sociale de l’Eglise, etc., sans oublier ses talents d’humoriste dans l’observation ironique de notre société.
Dès que Poutine a commencé à remettre de l’ordre dans une Russie totalement bouleversée par la chute de l’URSS, les intérêts américains ont senti qu’ils allaient perdre la proie sur laquelle ils s’étaient jetés comme des chiens à la curée. Alors ils ont réagi avec leurs moyens habituels : services secrets, réseaux d’influence, dollars répandus à flots. En Asie centrale, ce fut l’échec. En Géorgie, cela faillit réussir, mais l’ours russe était trop proche, et les Géorgiens se sont dit qu’il valait mieux s’entendre un minimum avec lui plutôt que se faire peu à peu dépecer. Restait l’Ukraine, complexe dans sa composition ethnique, complexe dans son histoire, complexe dans ses relations ambiguës avec le grand voisin. Les chacals yankees – appelons-les par leur nom ! – y ont vu leur dernière chance de récupérer un peu des gains colossaux espérés depuis 1991. Ils n’ont pas lésiné sur les moyens, notamment place Maidan. Et là, ils réussirent : à un pouvoir proche des Russes, ils sont parvenus à substituer un pouvoir à leur dévotion.
C’est alors que l’Europe s’est rappelée que l’Ukraine était un pays européen. L’urgence, dès lors, était évidente : il fallait faire en sorte que les dollars américains retournent au bercail, et que les Européens, Russes inclus, discutent entre eux d’un équilibre sage, où la prospérité occidentale et le prestige propre à la France avaient chacun leur rôle à jouer. Poutine semble avoir été le premier à le comprendre. L’accueil fait à sa main tendue – rejetée par les fonctionnaires de Bruxelles de la façon la plus vulgaire – est une cause directe de l’actuelle guerre d’Ukraine. Comment la France a-t-elle pu entrer dans ce jeu, absurde et criminel par ses conséquences, espérons qu’il y aura un jour des historiens pour le montrer dans toute la crudité des faits.
Car, François Schwerer nous le montre sans fard, ces conséquences vont bien au-delà de l’entre-nous européen, elles sont déjà mondiales. Les jeux de fous se jouent sur un échiquier planétaire, et c’est pour l’équilibre de la planète entière qu’ils sont suicidaires.
Lisez l’article sans concessions de François Schwerer dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue Universelle.