n°4 Préparer la relève
L’AF du XXIeme siècle, celle des enfants de la Manif Pour Tous, des rond-points de Gilets Jaunes et du phénomène Zemmour, persiste à suivre Maurras dans son raisonnement stratégique en phases, issu de Dictateur et roi (1899)
Puis l’AF du XXIeme siècle envisage l’indispensable phase de consolidation du Pouvoir, s’appuyant aisément sur l’actuelle constitution de la « République-dictatoriale ».. la Ve République dite aussi « république monarchique ». Cette constitution dispose indiscutablement de tous les moyens permettant la neutralisation du Pays légal, mais cela suffira-t-il ?.
Cette déconstruction de la domination du Pays légal par la « Monarchie de salut publique-Ve République », donnera satisfaction aux résistants du Pays réel – celui des classes moyennes étranglées, de la France périphérique qui se meure et de la bourgeoisie catholique agressée anthropologiquement.
En revanche cette déconstruction du Pays légal ne permettra malheureusement pas la renaissance spontanée du Pays Réel. Celui-ci a été trop profondément désorganisé et depuis trop longtemps. Avec la démocratie, le citoyen français a perdu l’habitude de l’initiative, du sens des responsabilités et même de la liberté au profit de la servitude volontaire (l’épisode COVID en a montré la profondeur)..
L’A.F. le regrette amèrement depuis fort longtemps. Depuis le constat de Pierre Debray en 1962, dans son célèbre texte stratégique de La Cathédrale effondré :
« Tout ce qui conserve, dans la société, une position indépendante est, méthodiquement, soumis aux contraintes étatiques. Tout ce qui garde la volonté d’entreprendre se voit découragé par système. Une politique de centralisation abolit ce qui restait des libertés communales, remplace partout le responsable par le gestionnaire, intervient jusque dans les familles pour disputer aux parents le choix de l’éducation et de l’orientation des enfants. En même temps que les institutions sclérosent, étouffent les cellules vivantes, les mœurs se dégradent. »
Dans ces conditions l’A.F. ne peut se contenter de reprendre strictement les analyses de Maurras, car celles-ci datent de l’époque 1900, où la société demeurait saine. L’A.F. doitmaintenant également se soucier, de reconstruire la société en même temps que l’État. Pour cela il lui est donc nécessaire constituer une » relève au pays « . Appelons un chat un chat, l’A.F. doit préparer une élite pour demain.
La préparation d’une élite indispensable au succès de la reconstruction du Pays réel, l’A.F. y a peu travaillé. L’AF s’est essentiellement souciée d’aider à ramener l’héritier sur le trône et parallèlement de sauvegarder l’héritage, mais pas vraiment de constituer une » relève » apte à la reconstruction du Pays réel. Tache que le Prince chrétien ne pourra pas lancer sans appuis solides durant la phase intermédiaire de Monarchie de salut public sous Constitution de Ve République.
Reconnaissons le… Si le duc de Guise et le jeune comte de Paris avaient réussi leur coup de force en 1934, il est évident que l’A.F. n’aurait pas été en mesure de fournir les cadres nécessaires à aider les Princes pour la phase de consolidation du pouvoir. Et pour cause, ses « maîtres estimaient que, pour empêcher la ruine de la cathédrale, il suffisait de restaurer la clef de voûte« . C’est aussi, en partie, l’explication de la non-association des militants d’A.F. à la tentative de redressement de Vichy. D’un autre côté, les maurrassiens de la résistance ne furent pas plus associés au projet de redressement des françaisde Londres. Dans les deux cas s’agit-il de méfiance du Créon Pétain-ou-De Gaule ou du manque de préparations des royalistes d’A.F. ?
Cette fonction supplémentaire de formation d’une relève, l’A.F. du XXIème siècle ne l’ignore pas. Elle a les moyens d’y répondre, elle qui constitue la meilleure école de formation politique depuis 120 ans.
Elle a pourtant conscience que ce savoir-faire d’école de pensée ne répond qu’au besoin, disons de cours théoriques. Pour ce qui est des cours pratiques, elle sait qu’il lui faut améliorer son dispositif de » courroies de liaison « , cette A.F. « hors les murs » du mouvement de surface, afin d’être à la hauteur de l’enjeu de la relève de demain. La relève indispensable à la phase de consolidation du Pouvoir, nécessaire à la « Monarchie de salut public ».