« Il ne suffit pas d’être heureux : il faut encore que les autres ne le soient pas. » Annie Ernaux semble avoir fait sien cet axiome de Jules Renard. Celle qui reçoit, ce 10 décembre, son prix Nobel de littérature – convenons que celui de la paix lui irait fort mal – a confié tout son plaisir… de ne pas le voir attribué à Michel Houellebecq. « Mieux vaut que ce soit moi ! », a-t-elle déclaré tout de go à nos confrères du Parisien :
« Il a des idées totalement réactionnaires, antiféministes, c’est rien de le dire ! » Et, donc, de conclure : « Quitte à avoir une audience avec ce prix, étant donné ses idées délétères, franchement, mieux vaut que ce soit moi ! » On sait les haines d’écrivains farouches : deux normaliens, Anne Boquel et Étienne Kern, en ont même fait un bouquin.
« Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde », disait Baudelaire de George Sand, en un temps où il était encore possible de critiquer une femme, et Victor Hugo appelait Sainte-Beuve « Sainte-Bave ».
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