Deux cent trente ans après, le génocide vendéen de 1793-94 oblige à penser la singularité de la Révolution française. Ainsi que l’écrivait François Furet, qui imposa une réinterprétation totale de la décennie révolutionnaire à l’historiographie contemporaine : « La Révolution française n’est pas une transition, c’est une origine, et un fantasme d’origine » (Penser la Révolution française, 1978). En d’autres termes, ce qui distingue cette période, ce n’est pas le passage à une structure sociale modifiée par rapport à l’Ancien Régime, mais ce qu’on pourrait appeler un mythe idéologique, générateur d’un autre monde et porteur d’une charge de violence considérable. Et ce mythe ne se comprend pas sans son contenu religieux ou anti-religieux, qui conduisit à la campagne de déchristianisation, concomitante à la Terreur.
Anti-christianisme
Sans doute cet anti-christianisme suscite-t-il de la part des historiens spécialisés bien des controverses qui sont autant de reflets de la complexité du phénomène. Entre la tentative de Constitution civile du clergé, qui vise à mettre l’Église sous la coupe du pouvoir civil jusque dans ses procédures internes, et la campagne qui vise à la suppression de tout ce qui est église, temple et synagogue sur le territoire national, il y a une gradation jusqu’aux extrêmes, à laquelle d’ailleurs Robespierre mettra fin paradoxalement. Des historiens comme Michelet et Quinet iront jusqu’à regretter ce coup d’arrêt à un processus qui correspondait à l’élan le plus profond de la Révolution. Par la suite, le léninisme se voulut la reprise de ce qui avait été provisoirement interrompu à partir de la réaction thermidorienne et de la chute de Robespierre.
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