Il arrive parfois qu’on me moque gentiment lors des dîners quand je tente d’expliquer que l’une des dates clefs dans la destruction de l’unicité de la France, c’est le 11 septembre 1789, cette soirée durant laquelle, à l’assemblée naissante, on vota pour ou contre le droit de veto intégral du roi et où l’on plaça les « pour » à droite du président de séance et les « contre » à sa gauche. Ce soir-là, non seulement la France inventait les concepts politiques « droite » et « gauche » pour le monde entier, mais surtout elle se fracturait en deux, pour ne plus jamais se retrouver « une ».
On m’opposera que lors de la première guerre mondiale, les tranchées furent l’occasion d’une sorte d’union sacrée. Certes, le sang versé réunit les hommes, mais les idéologies qui s’opposaient en France avant le déclenchement de la grande guerre étaient aussi irréconciliables. On était au pinacle de l’anticatholicisme, on mettait sur fiches dans l’armée les gradés catholiques, et au sortir de la guerre, Clémenceau mit en pièces l’Autriche-Hongrie, dont le catholicisme lui était insupportable.
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