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L’Editorial de François Marcilhac

LA FAUTE

En cherchant à interdire coup sur coup deux commémorations traditionnelles de l’Action française, celle de la Toussaint et celle du 11 novembre 1940, le gouvernement d’Emmanuel Macron a commis une faute gravissime. On se rappelle qu’au printemps dernier, ce même gouvernement avait déjà voulu interdire deux autres manifestations de l’Action française autour de la fête nationale de Jeanne d’Arc : notre colloque du samedi et notre défilé traditionnel du dimanche. La justice administrative avait alors suspendu ces deux interdictions. Malheureusement, elle ne le fit pas pour la Toussaint : il est vrai que nous fûmes prévenus au dernier moment, ce qui nous interdit d’agir efficacement en référé. Nous pensions que Nunez, sur l’ordre de Darmanin, ferait de même pour notre commémoration du 11 novembre 1940 : sommée par nous le jeudi, la préfecture nous a prévenus le vendredi, à savoir la veille. De nouveau, la justice administrative a défendu les deux libertés constitutionnelles de manifestation et d’expression que voulait, de nouveau, bafouer le gouvernement.

« EN MÊME TEMPS » ?

Doit-on y voir un effet du « en même temps » macronien ? Encourager d’un côté une manifestation contre l’antisémitisme le dimanche, mais interdire la commémoration d’un des premiers actes officiels de résistance au nazisme que fut la manifestation, interdite par l’occupant allemand, du 11 novembre 1940 ? Manifestation à l’origine de laquelle l’Action français prit toute sa part ? Peut-être. Mais ce n’est pas cela le plus important. Le plus important est cette dérive liberticide du régime macronien, qui s’appuie sur Darmanin, le premier flic (politique) de France et le préfet de police Nunez pour instaurer, à bas bruit, ou presque, un régime policier. Et comment s’étonner qu’ils s’en prennent de préférence aux forces patriotiques, puisque ce sont elles qui s’opposent avec le plus de détermination à leur volonté d’effacer la France de l’histoire du monde en l’amalgamant à une « souveraineté européenne » sous hégémonie américaine qui verrait la disparition de notre pays. Et il ne faut pas compter sur les partis de l’ « arc républicain » pour s’opposer à un projet qu’ils partagent dans ses grandes lignes, puisque la droite et la gauche dites de gouvernement l’ont édifié, d’un commun accord, depuis 1974 et l’élection de Giscard et, de manière accélérée, depuis celle de Mitterrand en 1981 et, en 1992, la signature du traité de Maastricht, puis en 2008 celle du traité de Lisbonne, forfaiture commise par Sarkozy après le non des Français de 2005. Aujourd’hui, le macronisme n’est que la résultante de cette politique, qui a vidé de sa substance une droite et une gauche devenues sans colonne vertébrale. D’où cet acharnement à notre encontre — la politique des médiocres —, voire ce harcèlement — lequel, du reste, est puni par la loi.

HYBRIS

Mais le macronisme, c’est aussi l’absence d’éthique, notamment politique et, donc, l’absence de boussole. Les Anciens avaient un mot pour signifier la démesure, passé en français : l’hybris, systématiquement châtiée par les dieux. Créon en sut quelque chose qui, dans la même journée, pour avoir condamné de manière abusive Antigone, « saintement criminelle », fut puni au-delà de ce qu’il pouvait imaginer. C’est Créon l’anarchiste, et Antigone, la petite légitimiste, aimait à rappeler Maurras. Car c’est Créon qui viole à la fois les lois divines et humaines, et c’est Antigone qui fonde son action sur le respect de celles-ci, fortifiant ainsi la cité. En interdisant aux militants d’Action française d’aller, comme ils le font traditionnellement, se recueillir dans les cimetières parisiens sur les tombes de leurs anciens, Macron a commis une faute du même ordre que Créon interdisant à Antigone d’enterrer son frère Polynice. Cette confusion des ordres, le pouvoir macronien a voulu le réitérer quelques jours plus tard en voulant interdire la commémoration du 11 novembre 1940, cette manifestation, à Paris, des lycéens et étudiants contre l’occupant nazi. Comme le souligna dans son très beau discours Guillaume de Salvandy : « Après les autorités occupantes, les autorités régnantes veulent empêcher les Français, la jeunesse des écoles et, reprenant le mot de Charette, “la jeunesse du monde” de se recueillir. Et pourtant nous sommes là, devant cette plaque et à côté de cette flamme, la flamme de l’Inconnu, cette flamme de l’Espérance qui brûle en nos cœurs. » Oui, nous fûmes là, rejoints par l’historien François-Marin Fleutot qui a évoqué la belle figure de la royaliste Hélène de Suzannet, et par cet amoureux de la France, Paul-Marie Coûteaux, qui nous rappela combien nous ne devions pas rougir de l’action de nos aïeux durant la Seconde Guerre Mondiale, contrairement à l’enseignement mensonger d’un pays légal qui n’a de cesse de salir la France aux yeux des Français pour mieux les détourner de leur pays. Peut-être était-ce au fond l’unique raison d’interdire notre commémoration. « Ils » n’aiment pas la France : « ils » ne supportent pas qu’on rende hommage à ses héros.

Qu’importe ? Aujourd’hui, c’est avec l’Action française que l’intelligence française dialogue, débat — et qui dit débat dit désaccord mais aussi échange d’idées, lequel seul permet de progresser. Des signatures aussi variées que prestigieuses ont déjà répondu à notre nouvelle « Enquête sur la Monarchie » — Chantal Delsol, Alain de Benoist, Pierre Manent. D’autres suivront. Il n’est qu’à voir aussi nos invités à nos cercles de Flore pour comprendre que l’Action française est au centre du « combat des idées » — comme aimait à l’appeler le regretté Pierre Boutang. De médiocres cerveaux en gabardine veulent étouffer ce libre débat et piétiner les libertés fondamentales : ils n’empêcheront jamais l’Action française de continuer d’être à la fois un mouvement politique actif et une école de pensée, mettant au centre de sa réflexion le seul intérêt national.