Ce texte n’est pas la retranscription du discours prononcé lors de la cérémonie du 11 novembre, mais la base de celui-ci.
Bonsoir à tous,
Nous sommes rassemblés ici à cet endroit précis, ce soir, et nous refaisons nôtre cet appel qui passait de mains en mains lors des journées des 10 et 11 novembre 1940 avec des mots d’une pureté et d’une clarté inaltérables: “Étudiant de France, le 11 novembre est resté pour toi jour de fête nationale. Malgré l’ordre des autorités occupantes il sera jour de recueillement. Tu n’assisteras à aucun cours, tu iras honorer le Soldat Inconnu. Le 11 novembre 1918 fut le jour d’une grande victoire, le 11 novembre 1940 sera le signal d’une plus grande encore. Tous les étudiants sont solidaires pour que vive la France.”
Voilà le sens de notre présence ce soir en ce lieu, nous honorons nos prédécesseurs, ceux qui ont su les premiers que la France ne pouvait pas mourir. Ils se sont retrouvés, en face de l’Arc de Triomphe pour honorer les morts de la Grande Guerre.
Trois mille hommes tombés à l’ennemi, des milliers de blessés, treize secrétaires-généraux sur quinze tombés au champ d’honneur, voilà le bilan pour l’Action Française. Nous n’avons alors pas hésité un seul instant en 1914 à défendre la France, à s’engager avec cet espoir: venger 1870.
Soldats, sous-officiers, officiers, cavaliers, marins, aviateurs, artilleurs, troupes coloniales… tous précipitésface à l’ennemi. Morts et blessés, invalides et indemnes qui ont gagné cette guerre par des sacrifices malheureusement rendus inutiles par ceux qui les gouvernaient alors et qui n’ont pas su gagner la paix, c’est le triste traité de Versailles.
Pierre Juhel dit très justement: “Hélas, malgré tout ce qui fut entrepris pour mettre en garde les Français contre la renaissance du danger allemand, rien n’y fit: les articles du journal et les manifestations des camelots en purent empêcher l’abandon, une à une, des clauses fortes du mauvais traité. Ah ! avoir eu tant raison et n’avoir pas été entendu.” C’est cet esprit là qui a présidé à l’œuvre de l’Action française dans l’Entre-deux-guerres ; ce zèle patriotique à empêcher de se lancer dans une guerre qui dans l’état de nos forces ne pouvait malheureusement pas être gagnée.
Et pourtant ! Dès le 1er septembre 1939, début la Seconde Guerre Mondiale, François Léger raconte dans son ouvrage Une jeunesse réactionnaire qu’un rédacteur du journal, ancien combattant, blessé et décoré en 1914-1918, venait chaque jour aux bureaux de l’Action française avec ses bandes molletières et ses décorations en signe de solidarité avec les soldats sur le front.
Face à la défaite la jeunesse des écoles, à commencer par la Faculté de Droit où l’Action Française était si bien accueillie et représentée, n’a qu’une seule certitude: le 11 novembre sera célébré. C’est ce que commémore la plaque derrière moi dont je me permets de vous faire la lecture: Le 11 novembre 1940, devant la tombe de l’Inconnu, les étudiants de France manifestant en masse, les premiers résistèrent à l’occupant.
L’hommage avait été interdit en 1940, cette année il y a eu une nouvelle tentative heureusement déjouée. Après les autorités occupantes, les autorités régnantes veulent empêcher les Français, la jeunesse des écoles, et reprenant le mot de Charette “la jeunesse du monde” de se recueillir. Et pourtant nous sommes là, devant cette plaque et à côté de cette flamme, la flamme de l’Inconnu, cette flamme de l’Espérance qui brûle en nos cœurs.