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L’éditorial de François Marcilhac

Circulez, y a rien à voir !

Mohammed, Chaïd, Iman : on prend les mêmes (ou presque) et on recommence. Pour Chaïd, il a fallu attendre quelques jours avant de connaître son identité. Pour Iman la baudruche s’est dégonflée dans la journée : le Français Armand cache en fait une chance pour la France : ses parents iraniens ont été naturalisés en 2003 et c’est à cette occasion qu’Iman, né dans la ville de Sarkozy en 1997, est devenu Armand. Merci au droit du sol. Quant à y voir une volonté d’assimilation des parents à l’époque : peut-être. Mais comment une telle volonté d’assimilation pourrait-elle réussir dans un pays que ses élites méprisent et auquel un jeune Imam, même devenu Armand, n’a pas envie de s’intégrer d’une façon ou d’une autre ? En tout cas, le prénom ne saurait faire à lui seul ce que les représentants d’un peuple jugent suranné, voire criminel : faire aimer son pays, surtout s’il est d’accueil. Et surtout si les autorités refusent — ou pire : sont incapables — de prendre les garanties adéquates quand l’individu, pourtant fiché S — une décoration préventive ?  —, et déjà condamné au titre du terrorisme, a une évolution inquiétante. Sa mère avait pourtant signalé fin octobre son inquiétude sur le comportement de son fils, comme l’a indiqué dimanche le procureur anti-terroriste. Mais cela n’a servi à rien, puisque, de toute façon, à cet Armand si charmant, on ne pouvait plus opposer aucun dispositif législatif.

Comme l’écrit fort pertinemment Vincent Trémolet de Villers, dans Le Figaro du 3 décembre, quelques heures après l’acte terroriste : « Qui se souvient des jeunes filles égorgées il y a six ans gare Saint Charles ? De cet homme assassiné par un réfugié soudanais en ouvrant sa fenêtre en plein confinement ? De Samuel Paty en Dominique Bernard, on pourrait malheureusement poursuivre indéfiniment cette liste longue et tragique. » Il évoque aussi Thomas, oubliant toutefois de dire qu’il a été victime d’être « blanc ». « Ces crimes, poursuit-il, diffèrent dans leurs motivations mais tous ramènent au nœud de vipères où s’entremêlent le laxisme migratoire, la désintégration culturelle, la délinquance systémique, le djihadisme d’atmosphère, la faiblesse judiciaire. » 

IMMIGRATION, TERRORISME : LE PACTE MACRON-LFI

La NUPES s’en prend évidemment avant tout à la faillite de la psychiatrie en France : si celle-ci est bien réelle, l’explication est un peu courte dans le cas d’Iman et s’apparente à un déni de réalité, voire à du négationnisme. Mais le refus de voir la réalité en face n’est pas que le fait d’une gauche qui a depuis longtemps déserté la confrontation avec le réel, dont se réclamait pourtant la dialectique marxiste-léniniste dans ses heures de gloire. La Macronie n’est pas en reste : ainsi, s’agissant du texte sur l’immigration actuellement examiné à l’Assemblée, elle est revenue en commission des lois sur une partie des articles, pourtant timides, visant à durcir le texte initial, notamment en matière de regroupement familial, adoptés par la droite sénatoriale. Elle a également supprimé le délit de séjour irrégulier instauré au Sénat, tout comme la fin de l’automaticité du droit du sol. De même, alors que le Sénat prévoyait un durcissement de l’accès à un titre de séjour pour les jeunes majeurs qui ont été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance avant 16 ans, la création d’un « fichier national des mineurs non accompagnés délinquants », et l’extension de la déchéance de nationalité aux personnes binationales ayant commis un homicide sur une personne dépositaire de l’autorité publique, ces trois mesures de bon sens ont été supprimées par la majorité parlementaire. C’était la veille au soir de l’assassinat islamiste du jeune touriste allemand.

Quelle majorité, me direz-vous ? Eh bien, précisément, celle que forme le pacte Macron-NUPES, LFI comprise. Car il existe bel et bien une majorité de gouvernement : c’est celle, tacite, que constitue la Macronie avec les partis d’une NUPES, dont Mélenchon soi-même a signé l’acte de décès, mais dont les composantes sont toujours bien vivantes. Du moins en matière de terrorisme et d’immigration, de LFI à Renaissance, c’est le même discours :  le même discours, sur la mort de Thomas : un regrettable fait divers ; le même discours dans la banalisation des actes terroristes : c’est la faute à « pas de chance » ; le même discours sur les dangers supposés d’une ultra-droite visant à établir des écrans de fumée afin de dissimuler l’impuissance du pouvoir ou, pire, son manque de volonté dans la lutte contre l’islamisme au sein des « quartiers » ;  le même discours dans la diabolisation du RN ou de Reconquête, la majorité Renaissance-NUPES profitant des divisions de la droite nationale. Ainsi, Sacha Houlié, le président de la commission des lois, a accusé dimanche 3 décembre lors du Forum Radio J, le Rassemblement national d’être la « vitrine policée » de « l’ultradroite » : « Le Rassemblement national, c’est la version presque publique, la vitrine de ce que pense toute une partie des gens » présents, notamment à la manifestation organisée place du Panthéon en mémoire de Thomas samedi soir, interdite par le pouvoir mais finalement autorisée par la justice. Le même discours et les mêmes réactions : quand Mélenchon dit ressentir « un immense dégoût » devant cette manifestation, Darmanin se dit, lui, « scandalisé ». Ce sont aussi les mêmes renversements de situation visant à faire passer les victimes pour les coupables et les coupables pour les victimes : quand le racisme des assassins de Thomas est avéré par neuf témoignages, le parquet, c’est-à-dire le Gouvernement, ne retient pas le racisme comme motif aggravant ; et la NUPES, elle, de dénoncer le « racisme » de ceux qui rendent hommage à la victime. « L’ultradroite l’ultradroite, vous dis-je ! » comme Toinette, dans Le Malade imaginaire : « Le poumon, le poumon ! »

QUAND LE CFCM S’INVITE AU PACTE

Un même renversement de situation dans lequel s’engouffre, avec la bénédiction du pouvoir et de LFI, le Conseil français du culte musulman qui a appelé dimanche à la « vigilance » … qui ? Les « musulmans de France » ! craignant que l’assassinat islamiste d’un jeune touriste allemand près de la Tour Eiffel ne « soit également instrumentalisé par des officines d’extrême droite pour exacerber les tensions et stigmatiser toute une communauté », comme cela a été le cas, selon le CFCM, après la mort de Thomas. « Le poumon, le poumon, vous dis-je ! » Dans ce « contexte », elle « réitère son appel aux musulmans de France à l’extrême vigilance » et « exhorte les victimes à déposer systématiquement plainte et à ne rien sous-estimer » ! « Les mots, les inscriptions, les insultes, les menaces sont souvent et malheureusement des annonciateurs d’actes plus graves ». Ou quand le déni de réalité se conjugue à un cynisme étourdissant : ainsi, les victimes réelles ne sont plus Thomas ou le jeune touriste allemand ! Et « les actes les plus graves » ne sont plus leur assassinat ! Quelle indécence dans un tel retournement de situation. Mais le CFCM ne fait que prendre le train en marche, ce train que pilotent, conjointement, Mélenchon et Darmanin, poursuivant un seul et même objectif, alliés dans cette perspective : tout faire pour éviter que Marine Le Pen ne soit élue en 2027. Or ils savent qu’ils auront alors besoin l’un de l’autre.

Que ce nouvel assassinat islamiste soit, encore une fois, le fruit de la politique menée depuis des années, voire des décennies en matière d’immigration importe peu à un pays légal qui en est solidaire pour l’avoir pratiquée de manière consensuelle. Le texte sur l’immigration ne vise pas à changer cette politique, mais, au contraire, à la renforcer dans ses principes, qui sont maintenus (droit du sol, déchéance de nationalité, regroupement familial, « asile » …). Circulez, y a rien à voir !

François Marcilhac