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Les camelots au chevet de Maurice Barrès

Par Robin Vaillant

Un samedi en Lorraine

En ce début de décembre 2023, alors que des hommages conjoints provenant tant des patriotes sincères que de quelques élus – hélas, fort peu nombreux –, d’aucuns ont été ravis de voir la jeunesse royaliste figurer parmi les thuriféraires de Maurice Barrès. Sentiment partagé jusqu’à Charmes ce 2 décembre 2023, où l’Action française – et en particulier la fédération royaliste Nord-Picardie et les sections de Metz et de Nancy – ont su se retrouver autour du souvenir barrésien. Symboliquement, « la jeunesse » a déposé une gerbe, parmi celles des associations habituelles, leurs membres ayant passé un certain âge canonique. « Le relais est transmis », ont pu se satisfaire nombre de personnes.

Barrès et l’Action française

Les plus attentifs noteront cependant qu’entre Barrès et l’Action française, ou plutôt notre maître Maurras, il y a quelques fossés, rapidement remplis après quelques discussions. Le régime d’abord, le Lorrain étant resté au tournant du XXe siècle la seule figure nationaliste à ne pas flancher face au logos du Martégal : républicain, hétérodoxe certes, Barrès n’a jamais rallié le lys. Plus loin encore, son romantisme autant littéraire que politique tempérait le classicisme inébranlable de Maurras, ce dernier ne manquant ni de louer les écrits de son ami, ni d’oublier de reconnaître, dans l’Enquête sur la Monarchie, qu’au-delà de l’empirisme organisateur menant au roi, le sentiment d’adhésion à la monarchie se fait rarement par la raison pure. Ces désaccords, bien connus de notre milieu, forment un arbre cachant la forêt : Barrès fut le « grand frère » de l’Action française de 1899, un donateur généreux, un propagandiste connu de « la petite revue grise ». Déjà, dès 1894, le Lorrain et le Provençal établissait les bases d’un fédéralisme français, certes dissonant sur la nature de l’État, mais si passionné des provinces et de nos petits pays.

L’universalisme barrésien

Alors non, la présence de camelots à Charmes n’est certainement pas une surprise : à vrai dire, c’était bien le minimum à faire pour que la mémoire de Barrès persiste. Qui, en effet, n’a pas été touché par ses écrits, en percevant, à la place de la Lorraine, sa patrie charnelle, à la place de Sion-Vaudémont, le point culminant local, à la place de la Moselle, un cours d’eau prompt à de grandes méditations. L’amour des terroirs, ou plutôt de la Terre et des Morts, n’a pas de frontière, surtout pour un maurrassien. Cet amour démesuré de la cité, de la province, parfois plus fort que celui de notre nation, touche n’importe lequel d’entre nous, nous l’espérons. Barrès nous parle plus qu’un autre, car il parle à nos viscères et à notre énergie profonde, indistinctement de notre provenance. C’est là toute sa gloire, et la principale raison de protéger le nom de ce si grand Français.

L’héritage est protégé

Ce 2 décembre, les amitiés françaises se sont toujours plus nouées grâce à Barrès, dans la systématique logique du compromis nationaliste. Il est certain que les noms suivants ne nous enlèverons rien : l’union a été faite entre des jeunes forces vives de notre combat, entre notre mouvement, les Éditions du Verbe Haut de Sylvain Durain, ainsi que ses collaborateurs brillants comme Jonathan Sturel, Rémi Tell malheureusement absent, Jean-Marie Cuny ; Raphaël Venault, à l’instigation d’une campagne typiquement barrésienne pour sauver nos églises de France ; et tant d’autres organisateurs et participants. Notre cause se développe et se renforce autour de figures tutélaires remarquables et, de là-haut, nous pouvons légitimement penser, qu’elles se réjouissent d’activités si fécondes.