COMMENTAIRE – Cette chronique de Mathieu Bock-Côté est parue dans Le Figaro de ce matin et il nous semble qu’elle est à classer du côté des bons jours. Même si la démocratie libérale y demeure invoquée. Car Mathieu Bock-Côté dit, comme nous, comme les juristes dont nous publions par ailleurs la tribune parue dans Marianne, qu’il faudra « envisager de redonner du pouvoir au pouvoir. » Sans trop tarder, tout même, sans envisager trop longtemps : il y a urgence. Mathieu Bock-Côté sait-il que c’est là justement, le sens du titre du beau livre de Pierre Boutang, « Reprendre le Pouvoir » ! Et plus encore : à quoi bon, en effet, redonner du pouvoir au pouvoir si ce dernier n’incarne ni la transcendance du Politique, ni la pérennité du corps social national façonné non par des votes mais par l’Histoire dans le temps long. Boutang voulait que fût refondée une idée juste et une réalité acceptable du Pouvoir. Il nous souvient que lorsque un de ses ministres, ou quelque grand commis, lui opposait le droit, quelque droit que ce fût, De Gaulle lui assénait cette formule latine plus ou moins refondue à sa sauce : Prius omnium, salus Patriae. Mathieu Bock-Côté est de ce bord-là. De Gaulle eût sans doute voulu que lui succède un Prince incarnant à travers l’espace et le temps, cette transcendance du droit suprême qu’était pour lui le salut de la patrie. Il ne l’a pas fait et nous en sommes réduits au Pouvoir des juges. Il passera lui aussi en raison de la faiblesse des principes abstraits quand l’Histoire redéploye partout les rapports de force brute. Ce n’est pas drôle ni enviable. Mais à l’évidence nous n’en sommes pas loin du tout. Exit alors l’état de droit.
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