Dans la France d’autrefois, à cette belle époque où elle était un « vieux pays », mais cher à la quasi-totalité de ses habitants, autrement dit à ses peuples premiers, lorsque passait un convoi funéraire, les agents arrêtaient la circulation, les hommes ôtaient leur chapeau ou leur casquette, les militaires se figeaient au garde-à-vous et les femmes se signaient tandis que sonnait le glas de l’église la plus proche…
Dans les jours qui ont suivi la disparition de Robert Badinter, de l’annonce de sa mort à la cérémonie de la place Vendôme, la France d’aujourd’hui, fragmentée, divisée, archipélisée, a donné le spectacle, si rare, de l’unisson dans la ferveur, la tristesse et le deuil devant le cercueil d’un homme de passion, de principes et de rectitude. Aucune fausse note, ou presque aucune, n’a marqué cette semaine. Déclarée indésirable par la famille du défunt, Marine Le Pen s’est pliée à cette exigence. Il n’en fut pas de même, comme on sait, de la délégation « insoumise » désignée par Jean-Luc Mélenchon pour participer à ce moment d’unité nationale où elle n’avait certes pas sa place. L’occasion de vérifier que l’hypocrisie reste décidément l’hommage que le vice rend à la vertu.
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