Gros effort d’équipement militaire avec la modernisation de « l’arc républicain »
Par Jean Charpentier
Emmanuel Macron a affirmé lundi 26 février, à l’issue d’une conférence de soutien à l’Ukraine réunissant une vingtaine de pays, que l’envoi de troupes occidentales au sol dans le pays en guerre ne devait pas « être exclu » à l’avenir. Si les mots ont un sens, le président français affirme que l’on doit envisager une guerre directe avec la Russie. Certes, il précise qu’il n’y a pas de « consensus » entre les alliés de l’OTAN et que l’envoi de troupes pour combattre l’armée russe reste une hypothèse « stratégique ». Mais les paroles engagent… et le monde entier l’a bien compris à lire les réactions de la plupart des dirigeants étrangers : tous ont immédiatement infirmé les propos, pour le moins intempestifs, de Macron. Les États-Unis, l’Allemagne, mais aussi les pays les plus concernés par une potentielle menace russe comme la Pologne, ont déniétoute possibilité d’envoyer des troupes en Ukraine. Alors quoi ?
Nous avons affaire à une des plus considérables inconséquences de l’actuel président français. Emmanuel Macron a, au mépris de nos alliés, du parlement, des Français eux-mêmes, menacé de guerre une puissance nucléaire, membre du conseil de sécurité de l’ONU. Sans aucun doute, Vladimir Poutine n’a pas pris au sérieux les paroles du matamore élyséen. Il n’en reste pas moins que cet épisode révèle l’irresponsabilité du personnage comme le souligne la presse internationale, ce qui est humiliant, au passage, pour la France. Tout comme son appel farfelu à la croisade pour Gaza, cette déclaration décrédibilise encore un peu plus Macron et la diplomatie française. Lui qui affirme que l’on doit vaincre la Russie, il est incapable de nous dire comment et surtout dans quel but.
Car, au fond, vers quelle paix s’achemine-t-on ? Trois scenariisont possibles : une paix d’anéantissement où la Russie subirait le sort du Japon ou de l’Allemagne en 1945, une paix de compromis dans laquelle la Russie garderait les territoires conquis et l’Ukraine est finlandisée, une paix gelée comme en Corée avec un front perpétuel OTAN-Russie. La première est peu vraisemblable, ou alors il nous faut accepter l’idée que Paris peut disparaître en 56 secondes, le temps pour les missiles balistiques de Kaliningrad d’arriver sur les bords de Seine. La deuxième sera le fait de la lassitude de l’opinion occidentale et du sort des armes au printemps. La dernière sera le fruit de l’engagement occidental au sol, c’est le sens de la déclaration d’Emmanuel Macron, mais à quel prix ?
Toutefois, on ne peut écarter l’hypothèse que ces propos invraisemblables aient été tenus à des fins de politique intérieure. Après l’humiliation subie au Salon de l’Agriculture, Macron désigne son ennemi, l’agent de l’étranger (russe) qu’est devenu en quelques jours pour la macronie le RN. Emmanuel Macron serait-il cynique à ce point qu’il en oublie les leçons du passé ? Août 14, les dirigeants « somnambules »(le mot de Christopher Clark), par leur inconséquence et leur vue courte, envoyèrent le monde à la catastrophe…