La métapolitique européenne
Par Philippe Germain
Le vieux rêve d’Europe impériale, frénétiquement poursuivi par l’oligarchie technocratique, progresse, soutenu par une métapolitique aux sources américaines. Constatons les faits.
En 1904, dans L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme, Max Weber voyait l’avenir de l’Occident dans le bien-être matériel comme but de l’existence et dans l’avidité pour le gain. C’est-à-dire dans l’Angleterre, les États-Unis, l’Allemagne, la Scandinavie. À partir de 1947, commença l’extension de cette métapolitique à toute Europe de l’Ouest afin de créer la plus grande aire économique possible. Le général Marshall conditionna l’aide américaine à la reconstruction à l’unification des nations, tandis que la CIA menait la guerre culturelle de l’American way of life pour diffuser la métapolitique du melting-pot assimilationniste. L’Italie chanta Tu vuo’ fa’ l’americano pendant que Paris était gavée de West Side Story six années de suite. L’Occident latin devint hédoniste sous l’influence américano-protestante aux racines anglo-allemandes, si consubstantielle à l’esprit révolutionnaire. L’individualisme hédoniste enfonça l’Occident latin dans les ténèbres de la conscience individuelle. Ce fut une Grave transformation civilisationnelle et « n’accusons donc pas les États-Unis. Ils se sont contentés de cultiver les germes de mort que portait en elle l’Europe » (Pierre Debray), transportés en Amérique par des migrants fuyant l’Occident, pour vivre leur utopie puritaine.
Aux « States », la croyance protestante se réduisit, mais pas ses mœurs, valeurs et surtout sa capacité d’action collective permettant de diffuser la mutation diversitaire de sa métapolitique. En France, pour accélérer la marche unitaire de l’Europe, François Mitterrand favorisa ce multiculturalisme nommé « salad bowl », récipient dans lequel il reste des morceaux identitaires des communautés immigrées ayant successivement peuplé l’Amérique. La France subit ainsi la promotion des cultures « communautaires » du Tiers-Monde. Cette métapolitique Touche pas à mon pote, suscita la réaction militante de la Génération Maurras des années 1986-1996.
L’effondrement récent du protestantisme américain a déclenché le nihilisme de la Cancel culture. C’est la vague décivilisatrice du wokisme. Les universitaires américains déclinent la pensée 68 au travers du courant LGB, du néo-féminisme, de la théorie du genre, de l’antispécisme et du décolonialisme. L’ancien racisme protestant a muté en racialisme décolonial car le wokisme exacerbe le ressentiment des minorités – sexuelles ou « racisées ». S’installe alors le moralisme néo-puritain du « Political correctness », en harmonie objective avec la métapolitique de l’empire impérial. L’européanité est « a-humaine », dit le maître du post-nationalisme Ulrich Berck, et « l’Europe doit faire sien le rêve américain, dont le principe est : tu peux devenir un autre, tu n’es pas déterminé par ton origine, ton statut social, la couleur de ta peau, ta nation, ta religion, ton sexe ! ». Cette métapolitique, ou «Weltanschauung » de déconstructionisme puritano-moralisateur, désigne la France comme son ennemi.
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