Bureau de Veille stratégique d’Action française
Le Bureau de Veille stratégique d’Action française émet une hypothèse sur la dette financière de la République et la dramatisation de la guerre par Emmanuel Macron.
Il est très étonnant que le gouvernement de la France puisse enchaîner depuis 1975 près de 50 années de déficit. Ceci dit, dans le dialogue avec les autres gouvernements européens de l’UE, et notamment depuis l’adoption de l’euro, la France a fait accepter comme règle non écrite cette « fameuse » ligne des 3% du produit intérieur brut (PIB). Certains expliquent que c’est François Mitterrand qui aurait articulé ce chiffre un peu par hasard, sans rationalité évidente.
Une autre possibilité peut être avancée : l’effort annuel consenti par la France pour assurer une défense militaire bénéficiant à l’UE (feu nucléaire + force de projection) pèse à hauteur de 2 à 3% sur le budget de l’État. Or, cet effort non supporté par ses partenaires crée un désavantage anti-concurrentiel qui doit être corrigé. Faute de cette explication, on voit mal pourquoi les principaux pays membres de l’UE auraient accepté la répétition de cet écart. En valeur absolue, le chiffre de 50 milliards est justement le montant de l’effort de défense de la France. Mais voilà qu’avec le départ des forces françaises des pays d’Afrique de l’Ouest la donne a changé. Il n’y a plus de fondement à ce déficit, et encore moins à un dépassement des 3%.
Est-ce que le comportement pour le moins étrange d’Emmanuel Macron n’est pas en partie guidé par le souci de prendre une posture de « sauveur » de l’UE au plan du conflit en Ukraine, cela juste avant l’officialisation du déficit pour 2023 ? Le calcul à l’égard des partenaires européens serait le suivant : « Je dois mettre la France en économie de guerre, je dois réaliser un effort pour réarmer et pour ‘mutualiser’ le feu nucléaire au profit de l’Union, ne venez pas me reprocher une dette qui excède les règles de modération jusque-là posées ». Ce montage expliquerait l’opération « diplomatique » à Paris où le président Macron a pris de court tous ses invités.
Les médias racontent que l’ampleur de ce déficit n’aurait pas été anticipé, que les experts de Bercy n’auraient pas pu imaginer une chute des recettes fiscales liées à la moindre croissance. Cette explication n’est pas crédible. On veut bien accepter que Bercy serait devenu à ce point incompétent et aveugle, on veut bien imaginer une faute de calcul ou une erreur de projection… mais pas dans cette proportion. La conférence en mode panique qui s’est tenue à l’Élysée le 20 mars dernier avait un but : nous faire croire que cette dette est le « fruit du hasard » ou d’un concours de circonstances malheureuses. En fait, il s’agit d’une mise en scène dans la dramatisation et le maniement de la peur afin d’accréditer le sérieux qui régnerait au plus haut niveau de l’État devant la gravité de ce déficit. L’objectif attendu est d’obtenir de la part des agences de notation, des créanciers de la France, de la BCE comme des membres de la Commission de Bruxelles, un blanc-seing informel au motif que le protecteur de l’UE face à l’ogre Russe est bien le seul État qui détient la force nucléaire.