Le souffle de l’Esprit.
Je n’ai cessé d’écrire ici et là combien est grand, formidable, le courage d’une réalisatrice qui parvient, année après année, à constituer une œuvre cohérente et forte, malgré l’absence de tout soutien du CNC et des grands médias qui financent à tire-larigot la plupart des infamies cinématographiques fabriquées pour les soirées de TF1. Oui, courage, sens de la débrouille, capacité à mener son petit monde d’acteurs et de techniciens, ingéniosité à trouver trois francs, six sous pour boucler ses tournages. Une toute petite note d’espoir néanmoins ; je notais déjà, à la fin de Je m’abandonne à toi, son dernier ouvrage, une participation de Canal +. Et le générique de Que notre joie demeure s’ouvre sur l’affirmation de cette participation et de celle de Ciné +. L’arrivée de Vincent Bolloré dans les médias est une véritable bénédiction pour le pluralisme.
Car si Cheyenne Carron a tant de mal à monter ses films, c’est qu’elle n’appartient pas au Camp du Bien. On lui reproche son patriotisme, son christianisme revendiqué, son goût pour les êtres forts, les hommes courageux, la loyauté, la fidélité, l’identité. Autant de péchés majeurs pour les professionnels de la profession. Mais cette détermination de la jeune femme a l’inconvénient de la confiner dans un cinéma et des histoires surtout appréciés par un public particulier. En d’autres termes, elle tourne un peu en rond et, comme ses films ne sont pas promus et diffusés par les circuits de distribution majeurs, les recettes financières sont trop minimes pour passer à l’étage supérieur et effacer quelques maladresses d’écriture.
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