par Antoine de Lacoste
Le voyageur qui désire aller en Égypte s’y rend le plus souvent pour admirer les somptueux vestiges de l’ère des pharaons. Il n’est généralement pas déçu. Beaucoup de ces monuments ont été parfaitement conservés. De plus, d’admirables fresques aux couleurs intactes ornent des tombes ou d’autres monuments à la gloire des pharaons et des multiples dieux de l’Égypte.
Mais si ce même voyageur compare ce patrimoine avec celui des civilisations grecques et romaines, il ne pourra s’empêcher d’établir une comparaison fatale : le monde des pharaons n’a rien engendré. Il s’est autodétruit et a manqué au premier devoir de toute civilisation et, au-delà, de tout être humain, la transmission. Le catholique français d’aujourd’hui sait ce qu’il doit au monde gréco-romain mais il n’a rien reçu de l’antique civilisation égyptienne. Un trait révèle bien l’état d’esprit de cette longue période, c’était le souci de bâtir en ne changeant rien aux principes architecturaux de la période précédente, pour ne pas insulter ses aînés. C’est très touchant mais les progrès ne sont alors guère rapides et il est heureux que nos bâtisseurs de cathédrales n’aient pas raisonné ainsi.
L’Égypte pour nous, commence donc avec Jules César qui s’éprit de Cléopâtre, la dernière reine d’Égypte. Tout un symbole. Ce pays qui fut si puissant mettra vingt siècles à recouvrer son indépendance.
Cette mise sous tutelle et l’expansion du christianisme qui l’accompagna, permit à l’évangéliste Saint Marc de prêcher et de convertir cette région qui persécuta tant Moïse et son peuple, mais accueillit la Sainte Famille dans sa fuite. Premier évêque d’Alexandrie, Saint Marc y mourut martyr. Ses reliques, dont Alexandrie était si fier, furent volées au IXe siècle par des marchands vénitiens. La basilique Saint Marc de Venise devint ainsi un important lieu de pèlerinage au grand dam des chrétiens égyptiens.
L’élan anachorète
Les nombreuses conversions engendrèrent un extraordinaire mouvement de piété qui se traduisit par l’installation dans le désert (il n’en manque pas en Égypte) de milliers d’ermites, qu’on appelle en Orient les anachorètes. Anatole France, assez peu catholique pourtant, eut cette très belle formule dans son roman Thaïs consacré à la conversation au christianisme de cette ancienne courtisane : « En ce temps-là, le désert était peuplé d’anachorètes ». Si le livre a bien vieilli, il commence tout de même par un des plus beaux incipit de la littérature française.
Au IVe siècle, deux figures laissèrent une place fondamentale dans cette histoire de l’anachorétisme qui a tant marqué les premiers siècles de l’Église : saint Paul et saint Antoine. Malgré leur isolement, leur renommée était grande. Un tableau célèbre, quoiqu’anonyme, les représente partageant le pain peu avant la mort de saint Paul. Un corbeau, qui venait tous les jours apporter du pain à saint Paul avait ce jour-là doublé la ration à l’occasion de la visite, unique, de saint Antoine. Saint Paul y est représenté avec un beau vêtement ce qui n’est pas commun pour un anachorète. C’est tout simplement celui de saint Athanase, autre grande figure du christianisme égyptien du IVe siècle.
Saint Athanase, Docteur et Père de l’Église, fut un adversaire courageux et résolu contre l’hérésie arienne. Bien oubliée aujourd’hui, cette hérésie faillit submerger le monde chrétien. On peut en lire un bon résumé dans l’excellent livre, enfin traduit, de l’Anglais Hilaire Belloc, Les grandes hérésies. Bien seul en Orient pour la combattre (à l’instar de Saint Hilaire en occident), exilé à cinq reprises, il finit par retrouver son siège d’évêque d’Alexandrie et triompher de l’hérésie.
Saint Cyrille d’Alexandrie fut un de ses glorieux successeurs au Ve siècle. Lui aussi est Père et Docteur de l’Église. Nous sommes alors à l’apogée du christianisme égyptien qui connut ensuite l’irruption de l’islam.
La conquête musulmane
Mahomet mourut en 632. L’armée arabe s’ébranla ensuite depuis les sables de l’Arabie pour conquérir le monde et imposer l’islam par les armes. L’Égypte fut une de ses premières conquêtes. Les Égyptiens se défendirent peu. Ils ne connaissaient pas l’islam et détestaient l’empire byzantin dont ils dépendaient. Les violentes querelles religieuses, issues du concile de Chalcédoine, avaient engendré de dures mesures contre les anti-chalcédoniens, nombreux en Égypte. La pression fiscale et l’arrogance des fonctionnaires byzantins ne firent qu’envenimer les choses.
En sept ans (639-646), les musulmans se rendirent maîtres de l’Égypte (signalons l’excellent livre de Louis Chagnon, La conquête musulmane de l’Égypte).
Ce sont ces Arabes égyptiens qui, quatre-cents ans plus tard firent raser le Saint Sépulcre car ils dominaient également toute la Terre Sainte. Un sultan à moitié fou, Hakim Ier, donna cet ordre en 1009. Cet acte fut à l’origine de l’appel à la croisade du pape Urbain II en 1095.
Au XIIIe siècle, de nouveaux venus supplantèrent les arabes d’Égypte et s’installèrent au pouvoir. Il s’agit des Mamelouks, ces anciens enfants, souvent chrétiens, enlevés en Circassie dans le Caucase ou en Asie centrale. Éduqués ensuite dans l’islam ils devinrent, tout comme les janissaires de l’Empire ottoman, des soldats accomplis au service de l’Égypte. Ils devinrent si puissants qu’ils finirent par prendre le pouvoir et régnèrent pendant plus de trois siècles. Battus par les Ottomans à la bataille de Marj Dabiq en 1516, près d’Alep en Syrie, ils perdirent non seulement la Terre sainte mais également le pouvoir en Égypte. Les Ottomans poussèrent leur avantage et s’emparèrent du Caire. Mais ensuite, ils maintinrent les Mamelouks aux postes clés. L’Égypte était théoriquement ottomane mais pratiquement toujours mamelouk. Il fallut l’expédition de Bonaparte en Égypte pour les vaincre à la fameuse bataille des Pyramides et les chasser du pouvoir.
L’occupation française ne se passa pas très bien. Bonaparte rentra rapidement en France et confia l’armée à Kléber. Ce dernier fut assassiné et les Français quittèrent l’Égypte un peu honteusement, rapatriant une armée à bout de souffle. L’Histoire en a fait une immense épopée mais, hormis ses aspects scientifiques, le bilan de l’expédition d’Égypte n’est guère glorieux.
Mehemt Ali fondateur de l’Égypte moderne
Une période anarchique s’ensuivit et un homme réussit à tirer les marrons du feu à son profit. Il s’appelait Mehmet Ali. D’origine albanaise, il était au service de l’Empire ottoman qui l’envoya reprendre le contrôle de l’Égypte. Cet homme brillant joua habilement sa propre partition, sans tout à fait tourner le dos à l’Empire.
Il mit fin au désordre et fit impitoyablement assassiner les dirigeants mamelouks qui tentaient de reconquérir le pouvoir. Officiellement vassal de l’Empire ottoman, il mena, avec le titre de vice-roi, une politique indépendante. Il assista toutefois l’Empire dans deux expéditions extérieures, en Arabie, pour réprimer la révolte des wahhabites, et en Grèce lors de la guerre d’indépendance. Il y perdit sa flotte, détruite à la bataille navale de Navarin en 1823.
Malgré cet échec, Mehmet Ali obtint des Ottomans la faveur de voir ses fils lui succéder puis leurs propres descendants, une dynastie était née.
La France construit le Canal de Suez
Le nouveau souverain fut le grand modernisateur de l’Égypte. Il développa l’agriculture, le transport et commença même à envisager la construction du Canal de Suez. Il mourut en 1849 et ses descendants mirent son projet à exécution. Les Français furent à pied d’œuvre au grand dam des Anglais qui firent tout pour contrarier le projet. L’ingénieur Ferdinand de Lesseps, cousin de l’Impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III) réalisa le canal avec brio. Son inauguration solennelle eut lieu en 1869, un an avant la chute de l’Empire. Eugénie, maîtresse des lieux, y invita les souverains européens qui vinrent en nombre. Le compositeur italien Verdi composa pour l’occasion son opéra Aïda. Ce fut une réussite éclatante pour la France malgré les multiples difficultés financières liées à l’exploitation du canal.
Les Anglais s’implantent
Mais l’euphorie ne dura guère. En 1882, une révolte nationaliste éclata et des Européens furent massacrés à Alexandrie. Les Anglais saisirent l’occasion pour débarquer, expédition à laquelle les Français refusèrent de participer ce qui était une faute stratégique. La voie était libre pour l’empire britannique. Formellement l’Égypte était toujours vassale des Ottomans mais dans les faits c’est bien la Grande-Bretagne qui dirige l’Égypte. Elle saisit bien sûr l’occasion pour prendre le contrôle du canal et évincer les Français.
Durant les décennies qui suivirent, les Anglais tentèrent de transformer l’Égypte en une colonie britannique, sans y parvenir. Le nationalisme arabe était très présent dans le peuple égyptien et, à l’issue de la première guerre mondiale, les Egyptiens parvinrent à imposer leurs vues après les émeutes de 1919. Les Anglais se résignèrent à accorder l’indépendance tout en gardant le contrôle du canal.
Enfin l’indépendance
L’Égypte se transforma alors en monarchie et Fouad en fut le premier roi en 1922. Il était l’arrière-petit-fils de Mehmet Ali, le fondateur de la dynastie. La même année, comme un symbole, le trésor de Toutankhamon fut découvert dans la vallée des Rois. Ce souverain ne fut pas le plus glorieux, loin s’en faut, et le trésor déposé dans sa tombe, pourtant fabuleux, n’est sans doute qu’une pâle figure par rapport à ceux des grands souverains de l’antiquité égyptienne. Mais tout cela fut pillé dès l’origine et l’on peut lire à ce sujet l’étonnant roman de Mika Waltari, Sinouhé l’Égyptien.
C’est un hasard qui a permis que cette tombe ne soit pas pillée et les projecteurs du monde entier se braquèrent sur l’Égypte, remplie de fierté.
Mais les démons islamistes commençaient à agiter le pays. Hassan el-Banna créa en 1928 la confrérie des Frères musulmans. Sous prétexte d’un retour à la prétendue pureté de l’islam originel, il développa une doctrine très agressive et très politique visant à la victoire universelle de l’islam par la force : « L’islam est dogme et culte, patrie et nationalité, religion et État, spiritualité et action, Coran et sabre ». Cette phrase emblématique des Frères devrait davantage interpeller nos gouvernants quand on sait que de nombreux musulmans installés en France sont adepte de cette doctrine.
Dans ce contexte, le rôle joué par l’université al-Azhar est important et mérite d’être signalé. Créée au Xe siècle, elle est un des plus anciens lieux d’enseignement de l’islam au monde. Elle jouit d’un immense prestige dans le monde musulman et est régulièrement travaillée par des courants islamistes, notamment celui des Frères. Un excellent film égyptien récent consacré à ce sujet mérite d’être vu, Conspiration au Caire.
Le coup d’Etat des officiers et la nationalisation du canal
Le roi Fouad mourut en 1936. Son fils Farouk lui succéda et c’est au cours de son règne que l’Égypte vit son destin basculer. Lassée de cette monarchie molle et peu ambitieuse, mais surtout désireuse de jouer un rôle politique, l’armée prend le pouvoir. Un groupe d’« officiers libres » organisa un coup d’État qui emporta un succès facile. Un nationaliste convaincu, le colonel Gamal Abdel Nasser s’imposa rapidement et après une période d’intérim, se fit élire président de la nouvelle république égyptienne.
En 1956, il décida de nationaliser le canal de Suez. Ce coup d’éclat lui valut un prestige immense dans le monde arabe. La France et l’Angleterre, qui se croyaient encore les maîtres du monde, organisèrent une expédition militaire, aidés par Israël, ravi de l’aubaine lui permettant d’attaquer l’Égypte et de conquérir la bande de Gaza.
L’armée égyptienne fut facilement vaincue mais les Américains et les Soviétiques intervinrent de concert pour intimer l’ordre aux Européens de rentrer chez eux, leur rappelant ainsi qui étaient maintenant les maîtres du monde.
L’Égypte récupéra son canal ainsi que la bande de Gaza. Pas pour longtemps puisqu’en 1967, devançant une probable attaque égyptienne, Israël attaqua l’Égypte et la Syrie par surprise. En six jours, d’où le nom de Guerre des Six-Jours qui lui est maintenant attribuée, les armées arabes furent vaincues. Israël récupéra la bande de Gaza et occupa le désert du Sinaï. L’humiliation fut grande pour l’Égypte qui se consola avec un grand projet de construction de barrage, le fameux barrage d’Assouan, destiné à réguler les eaux du Nil.
Curieusement, les Américains refusèrent d’aider l’Égypte à le construire. L’URSS fut ravie de l’aubaine et organisa sa construction qui s’acheva en 1970. Mais Nasser mourut prématurément cette même année d’une crise cardiaque. Il ne vit pas son œuvre s’achever et le monde arabe pleura son dirigeant le plus populaire.
Ce fut, bien évidemment, un officier qui lui succéda, Anouar el-Sadate. Il inaugura le barrage d’Assouan avec Nikita Khroutchev, alors dirigeant de l’Union soviétique et commença à préparer une prochaine guerre contre Israël. Elle fut déclenchée en 1973 avec l’allié Syrien. Cette fois, la surprise fut complète pour Israël qui frôla la catastrophe. L’État hébreu finit par inverser la tendance mais l’alerte fut chaude. Malgré cette nouvelle défaite, la satisfaction finit par l’emporter dans le monde arabe, car l’ennemi israélien avait failli être vaincu.
La réflexion de Sadate fut différente. Il acquit après cette défaite la certitude qu’Israël ne serait pas vaincu par les armes mais que des négociations devenaient possibles en raison du changement d’attitude de l’Amérique, alarmée par les difficultés militaires des Israéliens au cours de cette guerre. Il renvoya les conseillers soviétiques et se rendit en Israël au grand dam du monde arabe.
Sadate signe Camp David et se fait assassiner
De longues discussions eurent lieu et aboutirent en 1979 aux célèbres accords de Camp David. Signés laborieusement sous l’égide de Jimmy Carter par Sadate et Menahem Begin, le Premier ministre israélien, ils permirent à l’Égypte de récupérer le Sinaï et elle dû reconnaître Israël qui n’avait pas fait un pas à propos de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de la reconnaissance d’un futur État palestinien.
Les pays arabes condamnèrent ces accords qui n’arrangeaient que l’Égypte. Une partie du gouvernement égyptien démissionna et les islamistes firent de Sadate une cible. Il fut en effet assassiné en 1981par des soldats lors d’une parade militaire au cours de laquelle le patriarche de l’Église copte mourut également. Les Frères musulmans étaient derrière cet attentat.
Un autre militaire, Hosni Moubarak, succéda à l’infortuné Sadate. Pendant trente ans il dirigea le pays médiocrement, tombant dans une corruption scandaleuse. Les Frères travaillaient dans l’ombre et les printemps arabes de 2011 (si mal nommés), leur permirent de déstabiliser le pouvoir.
Les Frères musulmans au pouvoir
D’immenses rassemblements islamistes ou tout simplement de protestation contre Moubarak, se déroulèrent au Caire sur la célèbre Place Tahrir. « Rendez-vous Place Tahrir » fut le mot d’ordre suivi par des foules compactes dont une partie resta camper plusieurs semaines. Personne ne croyait au succès de ces manifestants encore dépourvus de stratégie claire. En réalité, comme toujours en Égypte depuis Nasser, la situation dépendait de l’attitude de l’armée. Or, Moubarak avait commis une erreur fatale à la fin de son règne. Il crut que son aura était plus grande que le pouvoir de l’armée et décida qu’après lui, ce serait son fils et non un autre officier qui lui succéderait. L’armée, dont on ignore trop souvent qu’elle est devenue un acteur économique majeur de l’Égypte, ne pouvait accepter de perdre ce rôle si lucratif.
Elle lâcha son président, les manifestations devinrent insurrectionnelles et Moubarak dut se résigner à abdiquer. La voie était libre pour les Frères qui remportèrent les élections en 2012, recueillant les fruits de leur investissement social dans tout le pays. Mohamed Morsi, un des leurs, devint président. L’expérience dura un an et se révéla calamiteuse. Uniquement préoccupés de l’islamisation du pays, les Frères ne gérèrent rien. L’économie s’effondra, la criminalité explosa, les attentats anti-chrétiens se multiplièrent.
L’exaspération monta avec l’inflation et le 30 juin 2013 d’immenses manifestations furent organisées dans tout le pays et, comme il se doit, sur l’inévitable Place Tahrir. Elles rassemblèrent sans doute vingt millions de personnes, chiffre inédit.
L’armée reprend la main
L’armée sortit alors du bois et exigea la démission de Morsi. Il refusa et le chef d’état-major, le général Abdel Fatah al-Sissi, annonça la destitution du président. Ce dernier fut arrêté et mourut en prison quelques années plus tard.
Les manifestations organisées alors par les Frères furent réprimées sans pitié. Il y eut des milliers de morts et au moins autant d’arrestations. L’armée devint seule maître à bord, l’islamisme était vaincu. Sissi fut élu président l’année suivante et exerce depuis un pouvoir sans partage.
Il remit de l’ordre, rassura les chrétiens en leur assurant qu’ils faisaient partie intégrante de l’histoire de l’Égypte et repris des relations diplomatiques normales avec la Russie, son allié historique, les États-Unis et l’Arabie saoudite, ses principaux bailleurs de fonds.
L’armée dut faire face à un deuxième ennemi islamiste, l’État islamique (Daech en acronyme arabe) qui avait organisé une guérilla dans le désert du Sinaï. Les combats furent durs et l’aviation permit finalement de faire la différence.
En ayant successivement expulsé les Frères musulmans du pouvoir puis Daech du Sinaï, l’Égypte peut se vanter d’être un des rares pays (après la Syrie) à avoir vaincu l’islamisme. Mais ce n’est qu’une victoire provisoire. Dans cet immense pays peuplé de plus de cent millions d’habitants et gangrené par la pauvreté, les prédicateurs islamistes parviennent régulièrement à remobiliser des jeunes tentés par le jihad et hélas par des attentats contre les chrétiens.
Des chrétiens nombreux et soudés
Ces derniers forment une communauté nombreuse (probablement quinze millions) et dynamique. Les visites dans les deux grands monastères situés le long de la Mer Rouge font partie des traditions respectées. L’enthousiasme y est visible et la chrétienté égyptienne est, à l’évidence, beaucoup moins menacée que celles de Syrie ou d’Irak.
Hormis ses problèmes financiers, le maréchal Sissi doit aujourd’hui affronter un redoutable problème : l’avenir des Palestiniens de la bande de Gaza, limitrophe de son territoire. Israël rêverait de déverser ces deux millions de malheureux vers l’Égypte ce dont Sissi ne veut à aucun prix pour de multiples raisons. Outre la gigantesque logistique que cela impliquerait, elle permettrait à des militants, proches des Frères musulmans, de s’implanter dans un pays qui les combat sans relâche.
L’Égypte est un pays d’Afrique mais il est, sur le plan géopolitique, tourné vers le Proche-Orient. Ce n’est pas un gage de stabilité et il faudra une armée puissante pour que les islamistes ne menacent pas à nouveau de plonger ce pays dans le sang et le chaos.