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Une nécessité ? Non, un mot seulement !

C’est en relisant quelques pages de l’Almanachd’Action française de 1960 que ces lignes de Gustave Thibon m’ont rappelé à quel point l’histoire se répète, et comme la situation se dégrade, faute de l’homme politique qui est né pour diriger notre pays à sa tête. En effet, le Roi, juste, seul sait arbitrer, car capable de paternité, travaillant dans la continuité de façon souveraine parce qu’il exerce le métier fait pour lui depuis sa naissance. Un texte qui n’a pas pris une ride…

« Feu la démocratie.

Un prêtre de mes amis me racontait récemment que, causant avec un vieux paysan républicain, celui-ci exprima sa désillusion en ces termes : ‘Ah ! Monsieur le Curé, la République est morte, et ce sont les républicains qui ont tué la République !’ À quoi le prêtre objecta : ‘C’est possible, mais enfin tous les curés ne sont pas non plus parfaits, et pourtant la religion est encore vivante. Comment expliquez-vous cela ?’ Et le paysan eut alors cette parole qui déshabille l’illusion démocratique : ‘C’est que, Monsieur le Curé, la religion c’est une nécessité ; tandis que la République ce n’est qu’une idée’.

Ce mot dit tout. En fait, la démocratie n’a jamais été qu’une vue chimérique de l’esprit qui a bouleversé la réalité politique toutes les fois qu’on a voulu l’y insérer, mais contre laquelle cette réalité s’est toujours révoltée. En d’autres termes, il y a une idée démocratique, il n’y a pas de réalité démocratique. La République est une idole qui exige beaucoup de sacrifices et qui ne répand aucun bienfait.

Mais cette idole même est aujourd’hui frappée à mort et ses derniers dévots la prient du bout des lèvres et d’un cœur absent. Je n’en veux pour preuve que les contradictions flagrantes dans lesquelles ils s’embarrassent à propos des événements actuels. Chacun sait que le premier principe de la démocratie est celui de la souveraineté du peuple : c’est le verdict de la foule, consultée par voie électorale, qui décide (…) mais d’où vient alors que nos démocrates les plus chevronnés refusent de s’incliner devant certaines décisions du suffrage universel ? (…)

Il ressort de tout cela que, même pour les adorateurs de la foule, la vérité politique n’est pas dans le nombre. L’appel au verdict populaire n’est donc qu’un subterfuge hypocrite (…) Les bons apôtres de la démocratie s’écrient alors (…) : nous savons mieux que le peuple où sont la vérité et le bien du peuple. Et si la majorité contredit notre opinion, c’est la majorité qui a tort.

Mais que devient alors le sacro-saint principe de l’élection ? (…) Pourquoi faites-vous voter puisque vous n’accordez de valeur aux suffrages que dans la mesure où ils confirment votre opinion ? Le tyran le plus jaloux de son autorité se sent d’accord avec le peuple aussi longtemps que le peuple reste d’accord avec lui et obéit à ses caprices !

Il serait temps d’en finir avec ce double jeu absurde et hypocrite qui consiste à miser simultanément sur le nombre et sur des principes qui n’ont rien à voir avec le nombre (…).

Le brave paysan était encore trop généreux : l’idole démocratique n’est plus même une idée, c’est un mot. Un mot sans substance qui résonne d’autant plus fort qu’il est vide et dont l’unique avantage est d’empêcher ceux qui le prononcent de prendre conscience du néant de son contenu. Car, si l’idole compte encore beaucoup de prêcheurs, elle n’a plus de croyants. »