Quelle position pour les législatives ?
Devant la crise de régime qui se profile, nous, royalistes, sans nous réjouir des difficultés que traverse le pays, ne pouvons que constater combien notre méthode de pensée est la bonne : Macron est le fossoyeur de la République et le projet royal redevient bien la seule voie du bien commun.
Un soutien massif à tous les patriotes est dès lors une exigence car notre premier devoir est de sauvegarder l’héritage. Si la politique du pire est bien la pire des politiques, comme aimait à le rappeler Maurras, l’expectative serait, aujourd’hui, cette politique du pire.
Dans l’histoire, l’AF a toujours été au rendez-vous.
Macron aura ruiné la droite et la gauche dites de gouvernement : le pays légal est bien trahi de l’intérieur. Nous avons aujourd’hui obligation de nous placer dans le camp du pays réel dont les intérêts coïncident, certes imparfaitement, avec cette partie du pays légal que représente le bloc national en cours de constitution et que nous espérons le plus large possible. Il n’en prend pas le chemin, mais, dans la mesure où ce bloc souhaite réellement gagner les prochaines législatives et gouverner – ce qui n’est pas certain –, nous devons accompagner l’histoire en train de s’écrire afin de l’orienter vers l’intérêt exclusif de la nation en prenant toute notre part du compromis nationaliste selon les modalités qui sont propres à notre tradition politique. « Savoir ce que l’on veut, vouloir ce que l’on sait », disait Édouard Herriot, qui n’était pas des nôtres. Nous savons ce que nous voulons, la restauration d’une monarchie royale adaptée à notre temps ; nous voulons également ce que nous savons, à savoir cette prise de conscience du pays réel qui s’est traduite dimanche par une victoire éclatante du camp national. Il s’agit, les 30 juin et 7 juillet prochains, de transformer l’essai dans le cadre institutionnel actuel.
Mais, même en cas de victoire du bloc national, rien ne serait encore joué. Même si nous passons sous silence les probables tentatives de déstabilisation tant de la part de la gauche et de son extrême que des marchés financiers, sans oublier le relai entre les lobbies et la gauche que constituent les syndicats et les tentatives de freiner les réformes nécessaires de la part des hautes juridictions françaises soumises à l’idéologie européiste, c’est de la nouvelle majorité elle-même que viendront les plus grands dangers. Car si une telle victoire ne peut être que le fruit de la conjonction, enfin réalisée, de la double problématique identitaire et sociale, le nouveau pouvoir devra avoir le courage d’y répondre sans décevoir, tout en sachant bien sûr qu’une cohabitation ne lui permettra pas de faire passer les mesures exigeant référendums ou renégociations de traités. Mais plus que des signes ou des messages devront être envoyés : les Français en ont suffisamment soupé depuis des décennies. Ce sont des mesures qui devront être prises, en matière sociale comme en matière migratoire, montrant la détermination de la nouvelle majorité à répondre aux légitimes aspirations du pays réel. L’éventuelle hétérogénéité de la nouvelle majorité – si nouvelle majorité il y a – et l’invocation de la situation financière du pays ne devront pas être les faux prétextes à des reniements, notamment en matière de pouvoir d’achat, de logement, de salaire nominal, de services publics et de réindustrialisation. La distinction opérée par Bardella entre l’« urgent » et l’« important » ne doit pas être le prétexte à des renoncements définitifs sous couvert de « réalisme » et à la paresseuse application des fausses recettes libérales, à laquelle se sont résumées les cinq années de macronisme. Ne pas trahir la confiance des Français devra être le premier mot d’ordre. Sinon, la crise de régime pourrait déboucher sur le pire.