Par Paul-Marie Coûteaux
Toutes ces élections, qui paraissent passionner nos concitoyens pour des raisons d’ordre ludique plus que politique, ne sont plus que des leurres : imaginons par exemple qu’un parti hors système parvienne au pouvoir – je ne vois guère que le Rassemblement national dans ce cas –, que se passerait-il ? Pour un très grand nombre de Français ce serait un jour de liesse, ils imagineraient la France sauvée, etc.
Je crains qu’il ne faille pas plus de quelques jours pour déchanter, d’abord parce que ni Madame Le Pen ni le jeune Bardella ne disposent d’un vivier suffisant pour constituer un gouvernement avec des personnalités qui connaissent le fonctionnement de l’État, ensuite parce que l’occasion serait rêvée pour les oligarchies occidentales de s’offrir les derniers bijoux de famille que la France a gardés, un héritage du « vieux monde » qu’elles ont toujours regardé comme indu.
Pour commencer, les agences de notation ne tarderaient pas à dégrader la note française, rendant de plus en plus coûteux le service de la dette qui, ne l’oublions pas, en est déjà à ponctionner dès le 1er janvier près du tiers du budget : il faudra faire la quête pour assurer les fin de mois et payer les traitements des fonctionnaires, les pensions, etc.
À terme, je ne donnerai pas cher de nos territoires d’outre-mer ou de notre statut de membre permanent du Conseil de Sécurité, dont je rappelle que tous les plans sont prêts pour que le siège français soit baptisé « siège européen ». Le thème est tout trouvé : « On ne peut pas laisser un droit de paix et de guerre entre les mains de l’extrême-droite ». Tout serait à l’avenant, sans compter l’expatriation de capitaux, les fermetures d’usines, la réduction des dépenses sociales, qui ne tarderaient pas à mettre le pays sens dessus dessous…
La voie des élections est donc bouchée, même si les grands médias continuent d’y consacrer assez de place pour distraire le bon peuple et lui faire croire qu’il maîtrise encore quelque chose.