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Propositions pour l’extension du domaine de nos ambitions

Gérard Pol*

Les militants aixois ont expliqué récemment sur leur page Facebook la raison pour laquelle ils travaillent à la restauration de la royauté : « Parce que nous savons que la somme des intérêts particuliers nés de la démocratie ne fait pas l’intérêt général. Nous voyons bien que le régime actuel c’est le règne des partis et, à l’instar de Maurras, nous constatons que « la France est déchirée parce que ceux qui la gouvernent ne sont pas des hommes d’Etat mais des hommes de partis. Honnêtes, ils songent seulement au bien d’un parti ; malhonnêtes à remplir leurs poches. Les uns et les autres sont les ennemis de la France. La France n’est pas un parti ». En revanche, le Roi, lui, est « étroitement attaché, fortement enchaîné, directement intéressé à la charge souveraine et mieux incliné que quiconque au souci de garder et de développer les biens de cette charge, à écarter les maux dont pourraient souffrir les grands biens » ainsi que le dit encore Charles Maurras. Voilà pourquoi, nous militons pour le retour du roi ! » Cette publication du 20 juin dernier, a mené l’un des camelots au commentaire suivant…

La démonstration des milliers de fois répétée sous toutes les formes possibles et imaginables depuis l’année 1900 est désormais connue et reconnue de tous ceux qui ne sont pas a contrario voués par décision et engagement volontaire au rêve révolutionnaire, même plus marxiste-léniniste, trotskiste ou stalinien, mais à la Révolution en soi, celle des années de Terreur, celle de 1848 ou de 1968… L’esprit, l’action révolutionnaire, l’imaginaire révolutionnaire, sud-américain, chavesque, castriste, type guérillero, à la Mélenchon. Pour partie…

À gauche, à droite, les « puissances du sentiment » ne sont plus républicaines ; celles de l’esprit, s’il en reste, non plus…

La social-démocratie, qu’elle se dise ou se croie de droite, du centre, ou de gauche, ne croit qu’à la fin de l’Histoire, au globalisme interconnecté, au marché et à l’argent.

En dehors de ses périodes de fièvre révolutionnaire, robespierristo-mélenchonienne, la République française – du moins celles qui ont un peu duré (IIIe -IVe -Ve) – n’a jamais été autre chose que des pouvoirs ploutocratiques. Exception faite – peut-être et encore ! – des 10 années gaulliennes (1958-1969) qui ont surtout fait illusion.

L’analyse maurrassienne, boutangiste, développée aussi par Pierre Debray dans Aspects de la France et Je Suis Français, n’est guère contestée au fond. Mais les puissances d’argent, les oligarques et « young global leaders » de Davos et autres lieux sont friands d’un régime politique et de soi-disant dirigeants qui soient à leur main.

Quant aux mouvances d’esprit traditionnel, intellectuelles, associatives, médiatiques ou simplement populaires, qui se sont largement renforcées ces 20 dernières années, qui ont désormais le soutien de milieux financiers patriotes puissants, elles n’ont pas encore atteint cette hégémonie culturelle qu’on leur a attribuée parfois – à tort – et elles n’ont pas encore osé, ou voulu, ou su, franchir le pas de la nécessaire remise en cause du système.

Pour les y amener, nos « Vive le Roi ! », nos trop mécaniques « Pour que vive la France, vive le Roi ! », s’ils nous font plaisir, sont illusoires et, bien sûr, inefficaces.

Illusoire aussi toute prétention de « victoire » ou prise de pouvoir par nos propres forces en les circonstances. Il faudra – comme l’avait fait l’AF en 1900 sur la base de la sociologie et des rapports de force du temps – refaire l’analyse à partir du nôtre des moyens, des processus, des très probables transitions, qui nous permettrait de crédibiliser, ne serait-ce qu’à nos propres yeux mais aussi des autres, au moins ceux qui comptent, notre entreprise politique qui est plus que nationaliste, contre-révolutionnaire et royale.

Faute de nous y mettre avec sérieux, faute de vérifier et démontrer la faisabilité de notre projet royal, nos chances de compter, grandir, réussir, resteront réduites. Réduites au témoignage pour que d’autres s’en chargent s’ils en ont le courage et la compétence. Ce qui est déjà servir. Mais manque par trop d’ambition.

Par appartenance à l’Action française de toute une vie, comme nombre d’autres amis, je pencherais – pourvu que ce soit avec sérieux et sans amateurisme ou aventurisme – pour l’extension du domaine de nos ambitions.

*Gérard Pol : ancien membre du Comité Directeur de l’AF sous la présidence de Pierre Pujo ; initiateur des rassemblements royalistes des Baux-de-Provence ; camelot du Roi.