Voici ce qui pourrait être une conversation idéale, à l’ancienne, du temps où les interlocuteurs avaient d’autant plus de plaisir à converser qu’ils étaient d’accord sur à peu près tout, à quelques nuances près. Qu’il parle en professeur d’université, constitutionnaliste chevronné (c’est un des meilleurs exégètes de la Vème République), en éditeur ou en essayiste qui détecta très tôt les apories du progressisme (son ouvrage « L’invention du Progrès » est une abondante souche d’inspiration), et qui sut détecter chez Emmanuel Macron un avatar du saint-simonisme ; qu’il parle en moraliste retraçant l’histoire de la politesse et de sa valeur civilisatrice, ou analysant le « snobisme », ou parle encore en romancier qu’il est devenu sur le tard, ce diable d’homme balaye le monde d’aujourd’hui d’un regard puissamment éclairé par la pensée et l’œuvre de Charles Maurras dont il est un fidèle héritier, adhérant dès son plus jeune âge à l’Action française. Et ce n’est pas le moindre mérite de cette œuvre foisonnante, sans cesse aux avant-postes de l’actualité, que de se vouloir « intégralement maurrassien » et d’illustrer la puissance du « Maître de Martigues », dont on prononce d’autant plus le nom qu’on l’a rarement lu. Oui, un bonheur de conversation !