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Les royalistes politiques face au second tour

Par Philippe Lallement

Le train de l’histoire de France s’accélère et il est impossible pour les deux mouvements royalistes « politiques » de rester dans le pré à le regarder passer, comme des veaux (pour utiliser une formule chère au général De Gaulle qui, comme Georges Clemenceau, avait le sens de la formule).

Les royalistes sont donc pris dans la spirale des consignes de vote car la subite accélération du train a pris la forme électorale. C’est assez inattendu dans la mesure où depuis plusieurs décennies les Français, le pays réel, trouvaient dans l’abstention le moyen d’exprimer leur rejet du pays légal. Ce n’est plus le cas depuis qu’à la grande surprise de tous, le président-comédien a dégoupillé la grenade de la dissolution du Parlement.

Impossible donc pour les royalistes politiques de ne pas prendre position dans le grand jeu de la comédie parlementaire (comme la nommait Georges-Paul Wagner, l’unique député maurrassien du Front national en 1986). Ne pas se mouiller permettrait, certes, de garder les mains propres mais nous le savons depuis Charles Péguy, cela reviendrait à décider que le royalisme politique n’a pas de mains. Bien sûr, l’image de la monarchie française, ou du moins du royalisme, resterait pure mais les mauvais esprits ne manqueraient pas de reprendre la vieille chanson Montmartroise : « Ils ont les mains pures, des mains d’aristocrates ».

Bon gré, mal gré les deux mouvements royalistes entrent dans le jeu, tous les deux par le moyen de communiqués officiels donnant des consignes de vote à leurs militants, adhérents et sympathisants. Pour le second tour du 7 juillet, totalement inexpérimentés dans la tambouille des désistements qui « va faire l’élection », deux communiqués ont donc été publiés en un temps assez record. Preuve de la réactivité, sinon de la vitalité royaliste.

Très, mais alors très sommairement, et en allant « à l’os », celui de la Nouvelle Action Royaliste s’inscrit dans deux scénarii prospectifs très pessimistes :

• S’il obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale, le Rassemblement national mettra en œuvre un programme suscitant injustices, désordres et violences, qui viendront aggraver la situation générale de la France.

• Si les formations hostiles au Rassemblement national parviennent à s’entendre en écartant la France insoumise, un gouvernement de coalition provoquera des souffrances et des colères qui permettront la victoire de Marine Le Pen en 2027.

La NAR joue un peu les Churchill, « je n’ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » mais n’opte pas pour l’abstention.

Les royalistes d’Action française-Restauration nationale privilégient la sauvegarde de l’héritage à travers le prisme de l’intérêt national. Toujours en allant « à l’os », ils s’attachent à deux critères, pouvant être nuisibles à l’intérêt national : le vote des textes sur l’Europe et l’immigration qui, dans le cadre d’une coalition de centre/gauche, iront dans le mauvais sens et plutôt dans le bon sens dans le cadre d’une majorité absolue d’union des droites. L’AF non plus n’opte pas pour l’abstention.Pour l’AF, la fenêtre de tir est donc étroite mais en politique tout désespoir est une sottise absolue.

On a aussi le droit de penser que Macron à même piégé les royalistes qui sont contraints de jouer sur un terrain qui n’est pas le leur, depuis leur échec aux élections de 1924.