You are currently viewing De l’Europe chez Maurras

De l’Europe chez Maurras

Les militants aixois ont conseillé récemment sur leur page Facebook la lecture de l’une des dernières parutions des Éditions de Flore (avril 2024), Comment dissoudre la France dans l’Europe d’Axel Tisserand. Cette publication, du 2 juillet dernier, a mené l’un des camelots du Roi au commentaire suivant…

*****

Par Gérard Pol*

De plusieurs témoins l’ayant rencontré en prison les dernières années de sa vie, je sais – et d’autres que moi, aussi – que Maurras, répondant à leurs questions sur le projet européen alors puissamment naissant ou renaissant, leur disait ceci : « L’Europe, faites-là, mais ne faites pas comme si c’était fait ». Erreur que Gustave Thibon définissait ainsi : « Vouloir faire l’UN trop vite ».

La vision de Maurras correspondait, selon moi, à l’équilibre profond de sa pensée, jamais simpliste :

  • D’une part, il n’a jamais fait de la nation un absolu. Il a toujours regretté l’unité romaine, même si celle-ci, régie de Rome, s’étendait bien au-delà de son origine. Maurras a regretté de même que l’unité de la chrétienté médiévale, sous l’autorité des papes romains, ait été brisée, notamment par la Réforme protestante.
  • D’autre part, il constatait que nous vivions depuis lors dans l’ère des nations, la plus large des réalités politiques de l’époque contemporaine.

Dans ce cadre, il était nécessaire et même impératif de défendre la nôtre.

Quand il disait à ses visiteurs, « L’Europe faites-la, mais ne faites pas comme si c’était fait », sans exclure la possibilité future d’unités plus larges que la nation, je pense que son « faites-la » était nécessairement à échéance lointaine, progressive et forcément aléatoire. Et, même dans cette perspective, il n’eût sans (aucun) doute jamais accepté que « la France des Bourbons, de Mesdames Marie, Jeanne d’Arc et Thérèse et Monsieur saint Michel » pût être dissoute de quelque façon que ce soit. Il eût fallu pour Maurras que l’Un se conjugue avec le multiple.

Autre chose est, dans l’ordre actuel, celui des nations, ce que devrait être la politique extérieure de la France. L’appel du « grand large » est de type britannique mais n’a jamais détourné l’Angleterre de ses ambitions continentales, d’abord. La politique extérieure de la France sera, sans doute plus encore que celle des Anglais, géographiquement et historiquement, toujours ancrée d’abord en Europe.

*Gérard Pol : ancien membre du Comité Directeur de l’AF sous la présidence de Pierre Pujo ; initiateur des rassemblements royalistes des Baux-de-Provence ; camelot du Roi.