Charles Maurras
En 1927, Maurras publie un recueil de ses articles en forme d’éloge sur la mort l’année précédente de Philippe d’Orléans, le Prétendant, auquel il rend longuement hommage.
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(…) Du triste voyage que nous avons fait, Pujo, Bainville et moi, je ne veux donner que deux mots d’impression rapide.
Devant la tombe de Palerme où s’arrête, où se brise, par une espèce de scandale, un des grands destins de l’Histoire, devant ce qui reste du prince exilé dont l’œuvre constante aura été de rapprocher la royauté de la France, j’ai mentalement récité au nom des Ligueurs innombrables que nous représentions, la formule rituelle que, depuis janvier 1905, ils ne cessent en nombre croissant de contresigner :
Français de naissance et de cœur, de raison et de volonté, je remplirai tous les devoirs d’un patriote conscient.
Je m’engage à combattre tout régime républicain. La République en France est le règne de l’étranger. L’esprit républicain désorganise la défense nationale et favorise des influences religieuses directement hostiles au catholicisme traditionnel. Il faut rendre à la France un régime qui soit français.
Notre unique avenir est donc la Monarchie telle que la personnifie Monseigneur le duc d’Orléans, héritier des quarante rois qui, en mille ans, firent la France. Seule la Monarchie assure le salut public et, répondant de l’ordre, prévient les maux publics que l’antisémitisme et le nationalisme dénoncent. Organe nécessaire de tout intérêt général, la Monarchie relève l’autorité, les libertés, la prospérité et l’honneur.
Je m’associe à l’œuvre de la restauration monarchique.
Je m’engage à la servir par tous les moyens.
Les rigueurs de la mort remplacent le nom de Monseigneur le duc d’Orléans par celui de Monseigneur le duc de Guise. C’est tout ce que peuvent les forces matérielles sur l’idée, sur l’institution de la Monarchie nationale : une simple substitution de personne. Le roi de France ne meurt pas, vive le roi !
Admis à l’audience de Monseigneur le duc de Guise, nous avons éprouvé le chaleureux accueil d’une bienvenue magnifique, telle que l’annonçait le noble appel du 7 avril Aux amis du duc d’Orléans. Les paroles dites par le prince ? Les mots prononcés ? Pas un mot qui ne soit contenu dans la déclaration émouvante que toute la presse française a répercutée.
Chef de la Maison de France par la mort de Monseigneur le duc d’Orléans, j’en revendique tous les droits, j’en assume toutes les responsabilités, j’en accepte tous les devoirs.
Je remercie tous ceux dont l’affection et le dévouement ont adouci les quarante années d’exil de Celui que Dieu vient de rappeler à Lui.
Exilé moi-même à mon tour, ainsi que mon fils, je leur demande de reporter sur nous leur fidélité et leur attachement.
Je compte sur la discipline de chacun pour atteindre le but de tout Français : la grandeur et la prospérité de notre chère Patrie.
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