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La France humiliée par ses sots qu’elle chérit…

Ina Phisinov

Vendredi 26 juillet 19h30… je ne m’installe pas devant le téléviseur ! des articles de presse m’ont appris que la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 avait été écrite par l’écrivaine Leïla Slimani, l’historien Patrick Boucheron, la scénariste Fanny Herrero et le comédien Damien Gabriac, des personnalités choisies fin 2022 par le metteur en scène Thomas Jolly, chef d’orchestre de cette ouverture qui se veut originale. Je crains fort de voir notre pays largement moqué…

Au lendemain de l’événement les commentaires vont bon train : Le Figaro titre « Propagande ‘woke’ et ‘grossière’, ‘l’extrême droite en PLS’ : la classe politique divisée après la cérémonie d’ouverture des JO 2024 » ; L’Équipe indique « En réponse aux critiques sur la cérémonie d’ouverture : ‘aucune intention de manquer de respect’, selon le CIO » ; pour La dépêche c’est une « Cérémonie d’ouverture des JO 2024 : ‘ghetto’, ‘ridicule’, ‘parodie LGBT’, ‘travestis’… La Russie critique violemment le spectacle » ; pour Le Parisien « L’organisation des JO présente ses excuses aux personnes ‘offensées’ par la cérémonie d’ouverture » ; 20 minutes regarde des athlètes singulièrement « JO 2024 : La délégation algérienne jette des fleurs dans la Seine pour commémorer les morts de 1961 » ; etc. Dès lors je veux savoir.

Petit problème : face aux polémiques qui montent dans le monde entier, le CIO a supprimé la vidéo de la cérémonie d’ouverture des JO sur les plateformes numériques préférant organiser une conférence de presse pour s’expliquer. Mais je veux voir de mes yeux et ne pas prendre pour argent comptant les informations diffusées par les grands médias de masse qui, nous le savons tous, influencent un grand nombre de personnes en reflétant et façonnant les courants de pensée dominants. Alors, je cherche… longtemps, certes, mais les images s’accumulent sur mon ordinateur et mes notes s’allongent.

Je choisis de suivre la méthode de Georges Pérec dans Tentative d’épuisement d’un lieu parisien – sans lipogramme évidemment, ni palindrome, dont il est pourtant le spécialiste, l’exercice sera suffisamment ardu sans eux j’en suis sûre – et me borne, dans un premier temps, à relever ce que je vois sans émotion – ce qui va s’avérer difficile –, sans commentaire. Alors, pêle-mêle, et sans la chronologie initiale introuvable du fait de la suppression due au CIO : dix statues sortent de l’eau (Alice Milliat, Simone de Beauvoir, Paulette Nardal, Jeanne Barret, Louise Michel, Christine de Pizan, Alice Guy, Simone Veil, Gisèle Halimi, Olympe de Gouges) ; un cheval mécanique ; Zidane en costume noir qui passe la flamme à Nadal portant un pantalon blanc et une veste rouge ; un vieux monsieur en fauteuil roulant passe la flamme à Teddy Riner et Marie-Josée Pérec qui allument la vasque ; des bateaux glissent sur la Seine, à leur bord les délégations de chaque pays participant, dont le nom est inscrit sur un panneau bleu en majuscules et en anglais ; Céline dion chante l’Hymne à l’amour au 1er étage de la Tour Eiffel ; Lady Gaga cernée de plumes roses chante Mon truc en plumes ; un trouple mixte (à plus d’un titre) ; la tour Effel illuminée de 1000 feux ; le pont d’austerlitz en bleu/blanc/rouge ; un cœur dessiné par la patrouille de France ; de grandes perches au bout desquelles une plateforme sur laquelle se tient une funambule agitée en tout sens ; Marie-Antoinette décapitée tenant sa tête entre ses mains aux différentes fenêtres de la Conciergerie, chantant « Paris, ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne, ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates on les pendra » ; des hard-rockeurs débordant de la façade de la conciergerie ; Aya Nakamura vêtue de plumes dorées, accompagnée de la garde républicaine : « Oh, Djadja, Y a pas moyen, Djadja. J’suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça. Ces bails-là, c’est pour les mecs comme toi. Tacler pour des pépètes ça va claquer pour des pipelettes, ça va claquer, crac. Pour les bons bails, ça va grave quer-cra, J’crois qu’c’est l’heure, ding dong. Je ferais mieux d’aller choisir mon vocabulaire pour te plaire dans la langue de Molière » ; Axelle Saint-Cirel chante La Marseillaise ; Philippe Katerine en tenue d’Ève de couleur bleue entonne : « Vivons comme on est né, nu, Vivons comme on est né tout simplement tout nu Est-ce qu’il y aurait des guerres, si on était resté tout nu ? Non ! Où cacher un revolver quand on est tout nu ? Où ? Je sais où vous pensez, mais c’est pas une bonne idée. Plus de riches, plus de pauvres, quand on redevient tout nu… » ; une chanteuse sur la Seine, de nuit, accompagnée d’un pianiste chante Imagine, il y a des flammes près d’eux ; des hommes outrageusement grimés en femmes reconstituent la Cène de Vinci ; le cheval qui remonte la place du Trocadéro semble être Pégase avec ses ailes de lumière qui scintillent derrière lui… et ça continue encore et encore… l’exercice devient épineux s’il s’agit de demeurer indifférente aux images qui défilent sur l’écran.

Que retenir ? Les sachants autoproclamés français ont honoré sur le sol de notre pays des athlètes, se trémoussant pour la plupart sans la dignité et la mesure attendues de sportifs de haut niveau – dans son discours du 25 mai 1925, le baron Pierre de Coubertin indiquait qu’il revenait « aux sociétés sportives de donner maintenant le bon exemple d’un retour au culte de l’honneur et de la sincérité, en chassant de leurs enceintes le mensonge et l’hypocrisie »… que de jolis mots qui demeurent à l’état d’un vocabulaire employé sans effet de nos jours –, dans la langue du vainqueur ultime de la Guerre de Cent Ans, avec la volonté clairement affichée au fil des douze tableaux qui ont émaillé la cérémonie de plaire aux trans, aux adeptes des plans cul à plusieurs, aux irrespectueux de tout ordre établi (naturel, familial, religieux, culturel, etc.), y compris les forces de l’ordre avec une garde républicaine humiliée (oups, là, c’est la sacro-sainte République qui en prend plein sa gueule… c’est ballot Messieurs les sachants !), aux bisexuels, aux satanistes, aux adorateurs des crimes de la Révolution, aux simples qui virent aux simplistes, aux « racisés », aux incultes (un peu plus abêtis encore après cet épisode navrant), aux amateurs de clinquant qui ne voient pas plus loin que le derrière d’une paillette, aux francs-maçons… où était la grandeur de la France vendredi soir dernier ? Où était l’élégance française ? Où était le savoir-vivre français ? Où était l’esprit français ? Le seul élément de cette cérémonie qui s’est avéré ne pas être une fourbe tromperie : la célèbre pluie parisienne (dont se moquent gentiment les Provençaux depuis des lustres) !

Ah oui, Madame la ministre des Sports démissionnaire, heureusement, rassure tout le monde des grincheux, aux dubitatifs, en passant par les opposants et les sceptiques : sur Europe 1, elle assure que « les Français sont en train de tomber amoureux de ces Jeux olympiques » ; au micro de France Bleu, elle croit que « ce que va retenir le monde, c’est que c’était une cérémonie absolument hors norme (…) une symbiose de toutes les plus belles dimensions de ce que nous sommes, nous la France (…) on s’en souviendra très longtemps » ; dans La Provence, elle parle des « Jeux olympiques, un moment de rassemblement »… autant d’inepties en si peu de temps relèvent d’une impéritie crasse mais nous ne devons pas nous en étonner : à force de toujours abaisser le niveau d’éducation, le régime montre finalement son vrai visage au travers des individus qu’il façonne depuis son installation : ignorance, orgueil, mépris, suffisance, immoralité, mensonge…

J’ai mal à ma France !