Régionalisme et nationalisme, par le fédéralisme
Par Philippe Germain
Sous la doctrine néo royaliste – dite « hiérarchique » par Bernard-Henri Lévy – se trouve comme sous-bassement, l’autonomisme de La déclarations des félibres fédéralistes de Charles Maurras et Frédéric Amouretti de 1892. Elle est relayée dans le journal de Frédéric Mistral L’Aïoli.
Le Martégal Maurras et le Toulonnais Amouretti dénoncent le corset uniformisateur mis en place par la Constituante puis déployé par l’Empire révolutionnaire. Afin de faire revivre « les petites patries », les deux provençaux revendiquent des libertés provinciales qui seraient garanties par un véritable « statut » d’autonomie régionale. Effectivement en dépit de la persécution républicaine des dialectes, coutumes et cultures locales, les identités régionales particulières survivent. Sous le nivellement démocratique, on reste Gascon, Auvergnat, Dauphinois, Bourguignon ou Breton…
Ce faisant, Maurras retourne complètement le sens du « patriotisme ». Il ne doit plus être l’instrument d’exportation du messianisme démocratique mais au contraire redevenir le simple amour d’un territoire et d’un héritage, celui des « pères » (« L’héritage », ce fait si conceptuellement maurrassien : « naître en France et de vieux sang français alors même qu’on y procède du dernier des déshérités, c’est encore naître possesseur d’un capital immense et d’un privilège sacré. C’est porter en soi, avec soi, un titre d’héritage ».
Le patriotisme vu par Maurras est attaché à l’être de la nation française, revivifié à ses sources locales et sans aucun rapport avec un quelconque séparatisme de la nation. Il faut retrouver les diverses identités régionales de la France, tout en la percevant comme un syndicat de familles et en l’acceptant comme un agrégat de peuples désunis.
Pour y parvenir, il est nécessaire de combiner l’Un et le Multiple par le moyen fédéraliste. Dans une telle optique, fédéralisme et nationalisme se confondent l’un l’autre, puisque la plus grande France, la France réelle est une France diverse et plurielle (Ohé Caldoches, Ohé Kanak, Ohé Mahorais…). La France intégrale, c’est la France fédérale.
C’est dans cette convergence entre régionalisme et nationalisme par le fédéralisme qu’arrive la question des institutions. La question est double en fait. Quel type d’État est capable de décentraliser ? Quel type d’État est capable de maintenir l’unité nationale sans raboter les particularismes ?
Et là, l’originalité des maurrassiens consiste à apporter une réponse empirique basée sur les faits, en s’appuyant sur le seul laboratoire d’expérience dont ils disposent : l’Histoire, qui est leur maîtresse en politique. La voilà la science politique ! C’est la science de la prospérité des États. La voilà sa méthode : l’empirisme organisateur dont le caractère rigoureux de science comporte des lois.
Et la première grande loi est sans appel : à la France il faut un roi car sans roi fédérateur elle se défait. Dur constat car la France n’est plus la nation organisée qu’elle fut sous l’Ancien Régime. C’est ce que Maurras à découvert à la lecture des archives de son Martigues natal. Il y a constaté la multitude des franchises, de pouvoirs, de suffrages directs (Ah le référendum d’initiative citoyenne !) dont disposait le peuple jusqu’à la nuit du 4 août 1789. Si l’Ancien Régime n’était pas démocrate, il était démophile. Oui, démophile, retenons le mot.
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