1894-1914, le royalisme parlementaire
Nous avons vu comment, après la mort du comte de Chambord, le royalisme s’était peu à peu réduit à lui-même. Nous avons vu qu’il disposait encore d’une presse moins puissante mais combattive. Aujourd’hui nous nous penchons sur son déclin parlementaire.
Au Parlement, si le bloc des sénateurs royalistes de l’Ouest reste important jusqu’en 1914, la chambre des députés traduit davantage le retrait des forces traditionalistes. Dès 1893 il n’y a plus que 60 monarchistes face à 35 ralliés.
Les professions de foi et les votes de ces monarchistes démontrent l’existence de nuances importantes : 36 seulement se battent « pour Dieu et pour le Roi » et, en fait, il n’y a guère qu’une quinzaine d’irréductibles ; 24 tournent la difficulté en ne mentionnant pas la République ou en faisant seulement allusion à leurs « opinions bien connues », parmi eux des bonapartistes plébiscitaires, des anticléricaux charentais, des conservateurs normands qui, en fait, acceptent le régime. D’ailleurs, depuis le ralliement, le fossé se comble entre conservateurs et modérés, dont la coalition soutient le ministère Méline et s’oppose bientôt à la politique anticléricale et antimilitariste du « Bloc des gauches ». La réélection de certains députés royalistes dépend parfois d’un appoint modéré, ce qui explique leur prudence.
La carte des élections législatives ne correspond pas exactement à celle de la presse ; si on retrouve nettement le bastion de l’Ouest, centré sur Nantes, les « blancs du Midi » en revanche semblent nettement minoritaires, sauf dans les Cévennes ; ailleurs il n’y a que quelques foyers isolés. L’effectif des députés monarchistes, formant le groupe des « Droites », diminue constamment et passe à 35 en 1898, puis à une quinzaine en 1914. Il faut attendre 1910 et 1914 pour qu’un Jules Delahaye, à Cholet, sous l’influence de l’Action française, se proclame encore plus agressivement royaliste que le fidèle vendéen Baudry d’Asson.