Par Émilie Marthe
La rumeur enfle, la silhouette de la démission semble se profiler doucement… par manque de rapidité ! Le 7 juillet dernier le couperet est tombé : de Macron, les Français ne veulent plus. Neuf jours plus tard, le 16, le sieur Attal remet au chef de l’État la démission de son gouvernement. L’attente commence, longue, usante et, finalement, le 5 septembre un nouveau (enfin nouveau… dans la fonction car la nouveauté s’arrête là) Premier ministre est nommé, ce sera Michel Barnier, le chantre de l’Europe, ce commissaire de l’Union chargé notamment de la cohésion (si dure à trouver !) … Ça fait déjà soixante jours que les Français ont voté pour clamer leur ras-le-bol du macronisme et depuis… ils attendent encore que le gouvernement nouveau soit constitué. Enfin, nouveau, encore une fois le mot est inapproprié puisque l’objectif serait de prendre beaucoup des mêmes pour seulement les changer de ministère, en leur donnant pour collègues des membres d’un parti pour lequel les électeurs ont le moins voté (ah la démocratie républicaine, quelle belle invention : vote, votons, votez… nous ferons ce qu’il nous plaît). Bref, quatorze jours plus tard, la France n’a toujours pas de gouvernement.
Le nouveau Premier ministre devra-t-il démissionner avant que de jouer son rôle ? Quelle stabilité, quelle efficacité ! Et puis non : le gouvernement nouveau est annoncé… avec une petite quarantaine de ministres, très formidablement répartis entre hommes et femmes.
Quoi qu’il en soit, le constat est là : le parlementarisme républicain semble mâtiné d’irresponsabilité, et même d’incurie.
Et pourtant ce qu’il manque à la France ce sont des hommes de métier. Au début du siècle précédent, par exemple, la Confédération des groupes commerciaux et industriels réunie à la Bourse du Commerce se plaignait de ce que les députés ne sachent pas leur métier. Le problème vient de ce que les ministres, les députés, les élus en somme, ont énoncé des listes de promesses sans fin. Charles Maurras parlait ainsi d’eux : « Ils ne disent pas ce qu’ils pensent mais ce qu’ils estiment devoir être utile à leur élection. Des opinions confuses ou des convictions tremblotantes déterminent les frontières de leurs concessions à l’intérêt électoral ».
Connaître le métier, tout est dit. Quand on a entendu le nom de madame le maire d’Avignon pour diriger le ministère de la Ville, on a des doutes. Elle a appelé à voter pour un fiché S, sa ville est un embouteillage continuel monstrueux, elle a pensé installer un téléphérique entre la gare TGV et le centre-ville tellement ça circule mal dans ses rues… et on songe à elle pour gérer la politique de la ville et donner des recommandations !
Quel est donc l’avenir de ce gouvernement ? Quelle sera sa longévité ? Ses marges de manœuvre ?
Je terminerai ici avec les mots de Maurras paru dans L’Action française du 23 juillet 1913 : « Quiconque n’ayant pu faire honnêtement ou brillamment sa carrière dans une profession libérale ni dans un bon métier, rêve des commodes détours de la Chambre pour lui fournir le raccourci par lequel on peut aboutir rapidement à gagner ce que le poète appelle les pis abondants de la génisse profitable ».
Tant que nous n’aurons pas compris que ce parlementarisme tue le pays rien n’ira. Tant que le mandat impératif ne prendra pas le pas sur le mandat représentatif, les électeurs seront floués. Nous voulons l’application du principe de subsidiarité, c’est tout…