Outre la fonction de Premier ministre, le petit groupe La droite républicaine s’est apparemment taillé, avec 10 postes, une part de lion dans le nouveau gouvernement, en tout cas bien supérieure à ce que ses 47 députés pouvaient lui laisser espérer. Michel Barnier a donc apparemment tenu bon, Macron étant obligé de composer avec ce qu’il reste de députés LR, pour espérer sortir de l’impasse politique dans laquelle il a fourvoyé le pays. Mais ce gouvernement montre surtout la force de rebondissement d’un extrême centre qui continue, en dépit de sa double défaite humiliante des européennes et des législatives, d’imposer le « en même temps » au pays. Le prouve notamment le duo Retailleau-Migaud qui succède, à l’Intérieur et à la Justice, au duo Darmanin-Dupond-Moretti : la macronie espère ainsi neutraliser l’action d’un homme de droite réputé ferme sur les questions de sécurité et d’immigration par celle du seul homme avéré de gauche du gouvernement. Il est à craindre que Retailleau ne soit condamné qu’à de l’affichage, d’autant qu’une politique ferme, notamment en matière d’immigration, exigerait d’agir à la fois au plan constitutionnel et au niveau européen, ce que Macron n’autorisera jamais. Du reste l’immigration est absente des intitulés, pourtant bavards, de ce gouvernement pléthorique. De même, la relégation pour crime de convictions conformes au droit naturel de la LR Laurence Garnier à la consommation, alors qu’elle devait être chargée de la famille, témoigne de l’impuissance qu’aura Michel Barnier, s’il en avait du moins la volonté, d’imposer une ligne politique de rupture plus ou moins conforme aux souhaits que les Français ont par trois fois exprimés en un mois.
Que la droite dite républicaine joue ainsi son va-tout et risque d’être définitivement phagocytée par l’extrême centre est son affaire. Reste le pays. Ce bricolage politicien n’est pas destiné à durer : au mieux, il passera le cap du budget, grâce à une nouvelle flopée de 49.3 mais il est peu probable qu’il résiste À ses tensions internes et aux chantages externes de ses oppositions et aille jusqu’à juin 2025, date à laquelle Macron pourra prononcer une nouvelle dissolution. Surtout, il n’est pas certain, compte tenu de sa faiblesse constitutive, qu’il puisse répondre aux importantes crises internationales qui ne manqueront pas de se dessiner dans les mois prochains. Le pays doit s’attendre à un nouveau déclassement, surtout si des événements intérieurs ou extérieurs menacent gravement sa cohésion. Il ne faudra pas alors compter sur un pays légal nombriliste, impuissant et indifférent à l’intérêt national pour assurer le relèvement de la France.