Impasse géopolitique des identitaires
Par Philippe Germain
La France souffre de voir sa jeunesse identitaire s’égarer dans une impasse car on la prive de bon sens politique par abus de concepts réducteurs ou brumeux.
Ainsi du « choc des civilisations » pour expliquer l’irréductibilité des conflits de notre planète. Son idée directrice est qu’un conflit majeur met aux prises au moins deux des huit civilisations différentes : occidentale, slave-orthodoxe, islamique, africaine, hindoue, confucéenne, japonaise et latino-américaine (et alors… le conflit russo-ukrainien dans lequel les belligérants sont de même ethnie slave et de même religion orthodoxe ?)
Et pour mieux faire passer cette clef mono-causale, certains la tartinent de géopolitique car cette discipline à la mode donne à la jeunesse identitaire l’enivrant sentiment d’un niveau de compréhension supérieur. En réalité, le géopoliticien possède surtout l’art de mettre en langage technique ses erreurs de raisonnement grâce à des « pan-idées », où il est question d’espace vital, de masse humaine critique, de zone pivot, de continent central. Des notions quantitatives plutôt brumeuses car la géopolitique n’est pas débarrassée de ses origines pangermanistes. Ses pères sont Friedrich Ratzel ou le mystérieux Karl Haushofer… inspirateur de la politique extérieure hitlérienne jusqu’en 1938.
Mais à quelle impasse mène l’abus de ces concepts ? Simplement celle, incapacitante, de l’imaginaire européiste car face au choc des civilisations, certains influenceurs identitaires préconisent une solution géopolitique noyant l’identité historique de la nation française dans une neuvième civilisation « européenne » dont les contours iraient « de l’Atlantique à l’Oural ». Cette Europe ne serait pas la réelle, celle de l’actuel Empire européen dont le poumon est techno-bruxellois mais une autre à construire, dont le cœur battrait côté ethno-berlinois.
Si cet imaginaire européiste ne consiste pas pour la jeunesse française à battre en retraite, c’est bien une fuite en avant incapacitante car lointaine. L’imaginaire européiste s’explique par l’incompréhension des phénomènes de nation et de patrie. Les identitaires n’ont pas de doctrine politique et la facture est lourde pour la France qu’ils privent du service de jeunes intelligences.
C’est pourquoi il appartient aux cadres d’Action française d’orienter leurs cercles d’études doctrinale sur la patrie, la nation, la civilisation, afin de pouvoir faire réfléchir par eux-mêmes les jeunes identitaires enlisés dans le marais de la mélancolie européiste. Ne dispersons pas l’effort français ; c’est gâchis. France d’abord !
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