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La colère des élus locaux

Par Jean-Luc Maisonblanche

Voilà plusieurs années que monte de partout la colère des élus locaux, maires et élus territoriaux. Dans la gestion de panique de l’État, les administrations et la classe politique républicaine qui forment le « pays légal » s’en prennent aux collectivités locales, accusées de trop dépenser. Or, ces maires et élus des territoires sont à la jonction du pays légal et du pays réel. Les voilà pris entre deux feux, sommés de choisir leur camp.

L’appel à la démission lancé par le maire socialiste de Verdun pour protester contre le projet de budget présenté par le Gouvernement rejoint l’Association des maires de France, à la veille de son prochain congrès fin novembre.

Les 5 milliards d’économie, en réalité bien plus lourdes qu’il n’y paraît (plutôt 11 milliards en impact réel), sont refusés par les collectivités locales déjà fortement impactées par les contraintes croissantes qui, année après année, leur sont imposées. Le tsunami réglementaire qui est déversé par Paris, accentué par Bruxelles, exaspère toujours plus les communes et les syndicats de communes, les départements et jusqu’aux régions.

De fait, le bouleversement de la fiscalité locale s’est traduit par une recentralisation sans bénéfice pour les administrations d’État. Aujourd’hui, les territoires prennent conscience du poids décisif qu’ils représentent dans la vie de la France et font taire leurs différends pour s’unir et revendiquer. Car force est de constater que dans le chaos qui s’installe au sommet, dans le chaos qui se propage jusqu’aux plus petites communes rurales, le seul recours des citoyens demeure la communauté locale incarnée par le maire et son équipe municipale.

Bien sûr, les 16 à 20 grandes métropoles urbaines qui raflent les crédits et les investissements tirent leur épingle du jeu, en apparence. La bureaucratie les paralyse.

Mais les territoires pèsent autrement plus, dans le fonctionnement du pays. Et, comme pour le mouvement des Gilets jaunes, la périphérie tient dans ses mains ces métropoles orgueilleuses et prédatrices. Tout un chacun sait bien que ce sont ces élus des territoires qui permettent aux pays de tenir debout et de résister. Nous voyons que l’avenir se joue dans cette France profonde, et non dans les agglomérations inhumaines et ingérables que plus personne ne maîtrise, hormis les réseaux du narcotrafic.

Il appartient aux patriotes, et notamment aux Français actifs attachés aux libertés concrètes et à la responsabilité, de reprendre le contrôle de ces territoires et d’organiser la résistance.

À quoi servirait une prise de pouvoir au sommet, fût-elle réussie techniquement, lorsque celui-ci est gangrené, impuissant, asphyxié par les oripeaux de puissance qu’il a arrachés aux citoyens d’en bas. La France renaîtra de ses fragments, disait Proudhon, de ses communautés de base. Ne nous contentons pas d’un projet de « coup de force » qui nous épargnerait la rencontre avec les Français sur leurs territoires. Puisque la cathédrale est effondrée, rassemblons les matériaux qui nous permettront, une fois déblayée les décombres, de reconstruire une France plus belle et plus en harmonie avec sa vocation d’équilibre et de concorde civile.

Vive la fédération des « républiques françaises » et vive le roi !