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Combat royaliste 49

Avenir de la France, empirisme organisateur

Par Philippe Germain

Depuis la série covid/guerre en Ukraine/dissolution parlementaire/élection de Donald Trump…, le pays légal est perdu. Et pour cause ! Il interprète la réalité non pas en fonction de ce qu’elle est mais de ce qu’il veut. Nos sénateurs et députés ne comprennent donc rien à l’évolution du monde moderne, qui a succédé au monde médiéval, lui-même successeur du monde antique. Le pays légal est donc incapable de travailler à une France souveraine pour préparer l’avenir de la « France puissance ».

Face à cette incompétence, les royalistes – afin de rendre à la France sa splendeur, sa gloire et son renom – pratiquent une méthode expérimentale. Laquelle ? À l’inverse des sciences de la nature, où il est possible de faire des expériences, les sciences de l’homme ne permettent que l’étude des expériences déjà faites. C’est pourquoi les royalistes observent l’histoire du « monde moderne » et y discernent des cycles. Non pas « cycles » au sens de répétition comme ceux des hindous ou l’éternel retour des Grecs, ou encore le Ying et Yang chinois mais plutôt au sens de tendance lourde comprenant la succession de phases émergence-maturité-déclin.

Pendant la période du monde moderne encore ouverte, il y a eu :

  • cinq siècles de cycle colonial, dont le déclin s’est achevé en 1975 à Lisbonne. L’Empire portugais était le dernier à disparaître après les décolonisations néerlandaise, anglaise et française.
  • deux siècles de cycle révolutionnaire depuis la Bastille de 1789, qui a été clos au mur de Berlin en 1989, après une phase de déclin communiste très rapide. Ce fut la fin de l’hégémonie idéologique du pôle de « l’Égalité ».

En revanche, en 2024, trois cycles sont maintenant en compétition pour la suprématie planétaire :

  • D’abord le plus ancien, le libéral, émergé en 1756 à Philadelphie en Amérique. Certains, comme Pierre-André Taguieff, considèrent qu’il est entré dans sa phase « décliniste » ou comme Soljenitsyne parlant du « déclin du courage ».
  • Ensuite, le plus inattendu, l’islamique, brutalement émergé en 1979 à Téhéran, qui aspire à peser sur le destin de la planète par influence-déstabilisation (ses proxy chiites : Liban, Yémen, Irak, Afghanistan, Pakistan, Gaza… et les populations musulmanes immigrées dans l’Occident libéral). S’y ajoute la Turquie voulant rendre toute sa place à l’Islam sunnite.
  • Enfin, en pleine émergence, celui que l’on peut nommer l’illibéral, depuis la guerre préventive d’Ukraine en 2022. Ce cycle est autocratique malgré des institutions massivement républicaines. Cela s’explique par les cinq modèles dictatoriaux dégagés par Jacques Bainville (romain, militaire, despotisme éclairé, caudillisme et populisme ; voir NRU 77, Dominique Decherf).

Le constat de ces trois cycles relativise la clef explicative binaire qui se répand sous la forme du clivage « Occident contre Sud global ». Cette vision inspirée de géopolitique est géographique plus qu’historique et donc inadaptée à comprendre l’actuel « retour néo-westphalien » (suivant l’expression d’Henry Kissinger) marqué par :

  • les affrontements d’empires entre eux ;
  • les affirmations identitaires des États-nations ;
  • le déplacement du centre du monde. D’abord méditerranéen puis atlantique, il se situe aujourd’hui sur les rives du Pacifique qui géo-stratégiquement est nommé l’indo-pacifique, où la France, État-nation nucléaire et multi-continental, tient une place privilégiée. Son avenir de « France puissance » s’y joue.

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